avril 22, 2007

INTERDICTION DE DÉPART POUR LES DIRIGEANTS DE LA SOCABANK

l’État cherche à sortir la vérité du fond du puits ((Extrait du Nouvelliste du 16 avril 2007)


Une dizaine d'anciens cadres et actionnaires de la Société caribéenne de banques (SOCABANK) sont frappés d'interdiction de départ. L'avocat de l'une des victimes de la requête de l’État haïtien crie au scandale.

Une faillite de plusieurs dizaines de millions de dollars dans le système bancaire pousse la justice haïtienne à priver une dizaine de hauts responsables et d'anciens actionnaires de la Société caribéenne de banque (SOCABANK) du droit de voyager. Cette interdiction de départ cible, entre autres, le PDG d'une compagnie de téléphonie mobile, Franck Ciné, récemment interrogé par une commission sénatoriale permanente après le vote d'une résolution douteuse du Sénat pour annuler des mesures de la Banque centrale qui met la SOCABANK sous son aile protectrice. Charles Beaulieu, ex-président-directeur général de ladite banque, Claudel Géhy, Joseph Saint-Louis et Patrick Vieux figurent parmi les anciens actionnaires et hauts responsables interdits de laisser le pays.

Intervenant dans la presse, l'avocat de M. Ciné, Joël Petit-Homme, a explicitement accusé le chef de l’État, René Préval, de chercher à « régler des comptes » avec les hommes d'affaires incriminés dans la faillite de la SOCABANK. La requête de l’État haïtien, dit-il, est manifestement illégale. « Que cherche l’État haïtien dans une affaire qui concerne une banque privée ? », s'interroge le défenseur de Franck Ciné dont on dit qu'il est l'actionnaire majoritaire de la SOCABANK.

Un arrêté présidentiel pris le 19 janvier 2007 a appuyé une décision de la Direction Générale des Impôts (DGI) d'engager trois avocats chargés d'assister et de représenter l'Etat haïtien dans les poursuites nécessitées par l'état d'insolvabilité de la SOCABANK. La faillite de cette banque commerciale a provoqué un scandale qualifié de « Socagate » au Sénat de la République qui a voté à la va-vite une résolution en sa faveur. Cette résolution a été dénoncée par le sénateur Jean Gabriel Fortuné. « C'est extrêmement grave que des sénateurs se soient engagés dans une entreprise de consolidation d'une véritable mafia financière en Haïti, contre de justes mesures de la BRH et de l’État haïtien visant la préservation et la sauvegarde de certains intérêts», a lâché le parlementaire.

La Fondation Héritage pour Haïti a récemment souhaité que l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et l'Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) se saisissent du dossier pour faire sortir la vérité du fond du puits.

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