avril 22, 2007

LA PANIQUE AU PÉNITENCIER NATIONAL (PRISON CENTRALE)

Panique au Pénitencier national ((Extrait du Nouvelliste du 20 avril 2007)


Il est dix heures du matin. Des coups de feu créent un vrai moment de panique, ce vendredi, dans les environs de la Prison civile de Port-au-Prince. Qu'est-ce qui se passe. Chut! N'en parlons pas!

Une tentative d'évasion a été déjouée, ce vendredi 20 avril 2007, par les vigiles postés dans les guérites du Pénitencier national donnant sur la rue de l'Enterrement à Port-au-Prince. Ces gardiens, généralement nonchalants, se sont, cette fois-ci, montrés assez vigilants pour dissuader les candidats à l'évasion, un événement à répétition depuis les trois dernières années. « Les vigiles ont constaté la tentative d'évasion. Ils ont sommé les acteurs d'y renoncer. Ces derniers n'ayant pas obtempéré, ils ont tiré en l'air pour les dissuader », a confié une source interne à la Prison civile de Port-au-Prince, sous couvert de l'anonymat.

Informations qui seront confirmées en fin d'après-midi, avec quelques petites nuances, par le directeur de l’administration pénitentiaire, le commissaire Prévilon Célestin. Selon le responsable, il s'agit de la tentative d'un seul détenu et non de plusieurs. Ce dernier a tenté de tromper la vigilance des gardiens en grimpant la clôture couronnée de barbelés.

"Un des vigiles a tiré en l'air pour le dissuader. Les agents du CIMO postés à la rue de l'Enterrement et ceux de la MINUSTAH à la rue du Centre ont riposté", a précisé le commissaire. "Après les tirs, a-t-il poursuivi, le détenu qui a tout le corps tranché par les barbelés est resté suspendu jusqu'à ce que les agents viennent le délivrer."

Le commissaire a qualifié d'acte de folie" cette tentative inespérée d'évasion. Prévilon Célestin envisage même de faire subir au détenu une évaluation psychologique.

Des témoignages concordants de parents de détenus ainsi que d'agents du CIMO postés dans le périmètre extérieur de ce centre carcéral confirment que ces détonations venaient de l'intérieur du bâtiment abritant plus de deux mille détenus. Certains témoins affirment avoir entendu deux (2) coups de feu tandis que d'autres en ont entendu quatre (4).


Cet incident qui a provoqué un bref moment de panique dans l'environnement immédiat de la Prison civile de Port-au-Prince est survenu moins de soixante-douze (72) heures après la déportation d'environ une douzaine de ressortissants haïtiens en provenance des États-Unis. Au cours de l'incident, les gens couraient dans tous les sens pour se mettre à l'abri. Mais le calme était revenu peu de temps après.

« Nous étions à la file indienne comme à l'accoutumée, attendant le moment venu pour apporter à manger à nos proches incarcérés à la prison quand des coups de feu, partis de l'intérieur, sont venus troubler le calme », a rapporté une quinquagénaire, mère d'un détenu, encore choquée par ce qu'elle venait de vivre. L'incident s'est produit autour de dix heures a.m., tranche de la journée au cours de laquelle on reçoit généralement le petit déjeuner pour les détenus, selon un autre parent.

« Nous, nous sommes affectés au périmètre extérieur du bâtiment. Nous savons que les détonations venaient de l'intérieur, mais nous ne savons pas encore ce qui se passe », a, pour sa part, confié, sur le vif, un agent du CIMO, lui et ses frères d'armes guettant d'éventuels évadés.

A rappeler que, depuis septembre 2004, au moins trois (3) tronçons de rue délimitant la Prison Civile de Port-au-Prince ont été fermés à la circulation automobile. Il s'agit des rues du Centre (compris entre les rue Paul VI et du Champ de mars), du Champ de Mars (compris entre les rues du Centre et de l'Enterrement) et de l'Enterrement (compris entre les rues du Champ de Mars et Paul VI). Cette triple fermeture a été adoptée par les autorités compétentes en vue de mettre fin aux évasions en série effectuées généralement en plein jour au Pénitencier national.

Cependant, cette mesure qui ne fait que déranger les usagers de ces rues, en provoquant des bouchons incontournables, surtout aux heures de pointe, n'a pas eu les résultats escomptés. En effet, du 30 septembre 2004 à date, environ une dizaine d'évasions spectaculaires ont été enregistrées au plus grand centre carcéral du pays. Dire que parmi les évadés figurent des repris de justice, des déportés et des criminels notoires et dangereux.



Les principales évasions enregistrées au Pénitencier national depuis 2004

Le 1er janvier 2004, à l'occasion des festivités du Bicentenaire de l'indépendance nationale, plusieurs centaines de détenus furent évadés de la prison civile de Port-au-Prince.

Le 29 février 2004, suite au départ précipité du président Aristide, les "nouveaux maîtres" ont ouvert les portes de la prison de Port-au-Prince, libérant ainsi tous les détenus, dont des criminels et des trafiquants de drogue.

Le 19 février 2005, au moins 494 détenus s'étaient évadés de la prison civile de Port-au-Prince aux environs de 3h de l'après-midi. Parmi eux, encore des bandits notoires et des trafiquants de drogue. Certains d'entre eux, dont le nommé Widmaille, ont même procédé par la suite à des représailles contre des membres de la population qui auraient contribué à leur arrestation en fournissant des informations à la police.

Cette évasion a coûté la vie à un policier. Une femme qui, alors, venait d'apporter à manger à son fils incarcéré, avait affirmé avoir entendu une conversation téléphonique entre un responsable et un autre correspondant au bout de la ligne. L'agent de police ne répondait que par un seul mot « OUI ». Puis il a ouvert la barrière.

Quelques jours plus tard, le directeur général d'alors de la PNH, Léon Charles, avait formellement accusé des membres de l'institution policière de connivence et de complicité dans cette évasion.

Le 14 mai 2006, jour de l'investiture du président René Préval, des détenus ont organisé une mutinerie au Pénitencier national. Suite à cette mutinerie, des informations non confirmées par la police faisaient état de plusieurs tués dans le camp des mutins. Les officiels avaient seulement confirmé le nombre de 11 prisonniers blessés, dont 7 grièvement. 5 Casques bleus avaient également été blessés.

Le 31 juillet 2006, 26 déportés en provenance des États-Unis d'Amérique sont parvenus à prendre la fuite au moment de leur incarcération au Pénitencier national. La police avait, par la suite, adopté des mesures administratives contre l'inspecteur de police chargé du dossier. Ces 26 déportés faisaient partie d'un groupe de 42 et ont bénéficié de la nonchalance de policiers et de la présence de leurs parents massés devant la prison civile de Port-au-Prince au moment de leur arrivée.

A chaque évasion, la police annonce toujours la mise sur pied de commissions d'enquête. A date, aucun rapport d'enquête n'a été rendu public. L'opinion publique attend encore. La presse aussi.




Visite d'une délégation de la commission interaméricaine des droits de l'homme (Extrait du Nouvelliste du 18 avril 2007)



Une délégation de la Commission interaméricaine des droits de l'homme effectue une visite en Haïti à partir de ce lundi 16 avril afin d'observer et de recueillir des informations sur la situation des droits humains dans le pays.

La délégation qui réalise cette visite à l'invitation du gouvernement haïtien, s'intéressera en particulier au système judiciaire et à la situation des femmes et des filles.

La délégation présidée par le rapporteur spécial pour Haïti, Clare K. Roberts, aura des entretiens avec des membres du gouvernement, des représentants de la société civile, des responsables d'organisations non gouvernementales, des membres de l'appareil judiciaire et des représentants d'organisations internationales dont les responsables de la MINUSTAH.

Les membres de la délégation organiseront, le 19 avril, une table ronde en vue d'encourager le dialogue sur la réforme judiciaire et l'impact de ces initiatives sur le respect des droits humains en Haïti, indique un communiqué de l'Organisation des États Américains. Au cours de leur visite, les membres de la délégation recevront des pétitions des individus qui estiment que leurs droits ont été violés par les autorités haïtiennes.

La commission Interaméricaine des droits de l'Homme est un organe indépendant de l'Organisation des États Américains (OEA) chargé de promouvoir le respect et la protection des droits humains dans l'hémisphère. Les 7 membres de la commission sont élus pour 4 ans, et les termes de référence de la commission découlent de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine des droits humains.

Aucun commentaire: