mai 27, 2007

FONDS-VERETTES CRAINT UNE NOUVELLE CATASTROPHE...

Fonds-Verrettes craint une nouvelle catastrophe


De grosses pierres, des tas d'alluvions, des vestiges d'édifices, des lits de rivières dénudées...Le silence qui accompagne les visiteurs qui s'aventurent à Fonds-Verrettes ces jours-ci a quelque chose d'oppressant. Comme si ce décor déchiré annonçait déjà une nouvelle catastrophe.



« Un coup d'oeil sur notre environnement suffit pour nous faire comprendre que la catastrophe qui était survenue, il y a trois ans, à Fonds-Verrettes et Mapou, peut se reproduire à tout moment », déclare le Révérend Mike Petit-Homme lors de la messe chantée, mercredi, en mémoire des milliers de victimes de l'inondation qui a détruit la ville de Fonds-Verrettes en 2004.

Le Révérend qui exhorte la population à ne pas construire dans le lit de la rivière, estime qu'il est du devoir de tous de planter des arbres. « Nous devons nous soustraire à la pratique qui vise à abattre les arbres », souligne-t-il, perché sur la galerie de la maison, partiellement démolie, abritant les soeurs de la mission des Oblats de Marie Immaculée. Il incite chacun à pérenniser la mémoire des victimes en adoptant un comportement responsable.

Trois ans après cette catastrophe, la population de Fonds-Verrettes vit toujours aussi misérablement sur les ruines de cette ville ravagée par les inondations dévastatrices et qui comptait naguère environ 45 mille personnes. « L'Etat haïtien ne s'est pas encore engagé dans la relocalisation de Fonds-Verrettes mais nous poursuivons les démarches en ce sens », déclare le maire principal de la ville, Jean Junel.

Au cours des activités devant commémorer la mort de plus de 3500 victimes de l'inondation, des représentants des ministères de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Intérieur ont, à tour de rôle, promis à la population de Fonds-Verrettes - qui ne comptent plus aujourd'hui que quelques milliers d'habitants - l'appui des institutions qu'ils représentent.

Fatigués des vaines promesses qu'ils en ont marre d'entendre depuis trois ans, des jeunes regroupés au sein de 23 organisations dont l'Union des jeunes pour le développement de Bois Négresse (UJEDEB) se sont réunis pour présenter à la presse les problèmes auxquels ils font face quotidiennement.

Du point de vue environnemental, les membres de ces organisations dénoncent l'irresponsabilité de l'Etat. Depuis des années, disent-ils, l'Etat ne dit rien sur le déboisement. « Des gens malintentionnés font des feux de forêt. Ils coupent les pins pour la fabrication du charbon et autres types de commerce. »

Ils précisent que la catastrophe qu'ont subie la localité de Mapou et la commune de Fonds-Verrettes découle directement de ces actes irréfléchis.

Au niveau politique, ils insistent pour que l'Etat se penche sur la question de la délimitation de la commune. « Des études ont été faites pour délimiter la commune en cinq sections communale. Nous demandons au gouvernement et au Parlement de prendre les dispositions nécessaires pour y arriver », dit Philémon Semiste de l'UJEDEB. Il estime que la délimitation de Fonds-Verrettes permettra un meilleur contrôle de la frontière.

Quant à l'infrastructure routière et au transport en commun, ils réclament la réfection de la route qui dessert les communes de Fonds-Verrettes, Forêts-des-pins, Thiotte, Grand Gosier, Anse-à-Pître et Belle-Anse. Cette route débouche également sur Jacmel et la République dominicaine.

La réfection de cette route, estiment-ils, favorisera grandement le développement de la zone. Ils exigent l'érection de nouveaux marchés ou d'autres facilités afin de pouvoir vendre leurs denrées à des prix raisonnables : «De concert avec les autorités dominicaines, l'Etat haïtien doit penser à ouvrir des marchés binationaux sur la frontière. Avant tout, l'Etat haïtien doit avoir un contrôle strict de la zone frontalière. »

Au niveau communicationnel, ces organisations affirment que Fonds-Verrettes est isolée du reste du pays. « Il est difficile de capter une station émettant de la capitale et d'être en contact, via le téléphone, avec ses proches dans d'autres coins du pays. »


Jean Gardy Gauthier
gauthierjeangardy2001@yahoo.fr
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