mai 18, 2007

LE PORTRAIT SOMBRE DES UNIVERSITÉ HAITIENNES

L'université : un triste tableau
Par Jean Pharès JÉRÔME

Les universités haïtiennes souffrent de tous les maux. Les intervenants à la première journée d'une table ronde de deux jours tenue à l'université Quisqueya sur l'enseignement supérieur et universitaire en Haïti plaident en faveur d'une réforme en profondeur du système.

L'absence de campus et de loi organique, l'inadaptation du curriculum aux besoins de l'heure et l'incapacité d'accueillir le nombre de jeunes désireux d'entreprendre des études supérieures et universitaires handicapent le fonctionnement de l'Université d'État d'Haïti (UEH). Telles sont quelques unes des raisons qui font que, selon le professeur Yves Dorestal, doyen de la faculté d'Ethnologie, l'université publique haïtienne ne joue pas le rôle qui devrait être le sien.

Dans son intervention ayant pour thème : « L'université haïtienne : quelle organisation pour quelle mission aujourd'hui ?, il a en effet dressé un tableau très sombre de l'UEH. « L'université haïtienne n'est pas encore née, a-t-il même affirmé après avoir évoqué les caractéristiques d'une véritable université. Nous avons des écoles supérieures qu'on a réunies en université, ce n'est pas la même chose. »

Actuellement, l'Université d'État d'Haïti accueille environ huit mille étudiants. Un chiffre qui serait, selon le conférencier, inférieur au nombre total d'étudiants haïtiens admis dans les universités dominicaines. Conséquence des faibles ressources mises à la disposition de l'UEH, les universités privées poussent comme des champignons. Un phénomène que Yves Dorestal n'a pas hésité à comparer à celui constaté dans les niveaux primaire et secondaire de l'école haïtienne. « Ces universités privées poussent au même rythme que les écoles borlettes », a-t-il dénoncé, s'attirant quelques regards assassins parmi l'assistance, composée en majorité d'étudiants et de professeurs du secteur universitaire.

La concentration des entités de l'UEH dans la capitale haïtienne a été dénoncé aussi par le professeur Dorestal. « Il est inconcevable qu'en 2007 l'Université d'État d'Haïti soit concentrée à Port-au-Prince», a ajouté Yves Dorestal.

Pour sortir de ce marasme, le doyen de la faculté d'Ethnologie prône la réforme du système universitaire haïtien. « Il faut réformer l'université haïtienne afin de la déconcentrer et la démocratiser. En plus, a ajouté le professeur, cette réforme doit déboucher sur la régularisation des universités privées et sur la création d'une loi cadre pour l'UEH.

Il n'y a pas que l'université haïtienne qui a été au centre des discussions. Le fonctionnement des systèmes universitaires des pays africains, celui des pays d'Europe, des États-Unis, de la République Dominicaine et des pays de la Caraïbe ont été aussi présentés.

La table ronde sur la gouvernance de l'enseignement supérieur et universitaire en Haïti est l'une d'une série d'activités organisées par les responsables de l'Université Quisqueya à l'occasion de la fête du drapeau et de l'université.


Jean Pharès Jérôme

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