mai 27, 2007

PREVAL DÉCLARE LA GUERRE À LA CORRUPTION ...

Préval déclare la guerre à la corruption


De Port-au-Prince à l'Arcahaie, le 204e anniversaire du bicolore a été célébré en grande pompe cette année. Le Président de la République et son Premier ministre ont profité de l'occasion pour réitérer leur volonté de lutter farouchement contre la corruption sous toutes ses formes dans l'administration publique.


« Le combat pour la liberté était la mission de nos ancêtres. Aujourd'hui, le nôtre est de vaincre l'inégalité. Pour y arriver, les corrompus doivent cesser de voler l'État. Tout ceux qui sont dans la corruption sont des traîtres. Cette année, nous décrétons la guerre contre ce fléau sous toutes ses formes. » C'est ce message pour le moins senti que René Préval, président de la République, a délivré du haut des marches du Palais national à l'occasion de la célébration du 204e anniversaire de la création du drapeau haïtien.

M. Préval a lancé un vibrant appel à l'endroit des responsables des institutions chargées de combattre la corruption dans le pays. Il leur a demandé de monter au front afin de se jeter dans la bataille qui, a-t-il reconnu, sera coriace. « Ministère de la Justice, Unité de lutte contre la corruption (ULCC), Unité centrale de renseignements financiers (UCREF), Commission nationale des marchés publics, DGI, Institution policière, Administration générale des douanes, nous sommes tous en première ligne de ce combat pour la justice. Nous sommes persuadés de notre victoire car le peuple haïtien est avec nous », a-t-il martelé.

De son côté, le Premier ministre Jacques-Édouard Alexis s'est fait l'écho du président de la République. Dans son discours, il a envoyé un signal clair à l'endroit de tous ceux qui sont impliqués dans la corruption. « Les institutions de l'État doivent sanctionner les individus impliqués dans la corruption, le trafic de la drogue et la contrebande, indique le chef du gouvernement. Les personnes mêlées à la contrebande, la fraude et la corruption sont des traîtres.»

M. Alexis a affirmé que les gens corrompus empêchaient la relance économique haïtienne. « Par conséquent, dit-il, ces derniers doivent être punis par la loi. » Selon les dires du chef du gouvernement, des dispositions seront prises au cours de cette année en vue d'assainir l'administration publique.


Plus tôt dans la matinée, a eu lieu le traditionnel Te deum à la cathédrale de Port-au-Prince, en partie vide cette année. Différentes personnalités, dont le président Préval, les présidents des deux Chambres, M. Joseph Lambert et M. Pierre Eric Jean-Jacques, le président par intérim de la Cour de Cassation Me Georges Moïse, les ministres de l'Education nationale et des Affaires sociales, les membres du Corps diplomatique y ont pris part.


L'archevêque co-adjutateur de Port-au-Prince, Mgr Joseph Serge Miot, a dans son homélie mis l'accent sur l'unité qui a conduit à l'indépendance. Il a également relaté des moments difficiles qui ont jalonné l'histoire du peuple haïtien. « Autour de nos héros, s'était uni tout un peuple comme un seul homme pour la fondation de la première République noire du monde, a-t-il déclaré. Nous ne sommes peut-être pas fiers de certains moments de notre histoire. Car nous n'avons pas toujours respecté certains principes qui ont conduit à la création du drapeau, tels que la liberté, l'indépendance, l'unité nationale, la souveraineté, le patriotisme et le civisme.»

Le prélat a ensuite affiché son optimisme quant à la capacité du peuple à surmonter les différends auxquels il fait face. « La Nation a pris naissance à l'ombre du Très-Haut. Il y a un pacte entre le pays et le grand Dieu. C'est pourquoi nous pouvons croire en la pérennité de la nation. Haïti ne mourra pas. Haïti ne périra pas », a-t-il souligné.


Les festivités du 18 mai

Comme à l'accoutumée, les majorettes ont défilé à la parage organisée au palais national. Partis du stade Sylvio Cator, quelque 3 mille écoliers teintés de rouge et de bleu, couleurs du drapeau, ont emprunté plusieurs artères de la capitale avant d'aboutir au palais national.

Cette année encore, la fête du bicolore a attiré la grande foule. Jeunes comme adultes se sont massés devant le palais national pour assister aux festivités et écouter le discours du président. Néanmoins, grande était la déception de certains devant la qualité de la sonorisation. En effet, à quelques mètres seulement du palais, il était quasi-impossible d'entendre ce qui se disait à la tribune. Un peu plus tard, un concert a été organisé au Champ de Mars pour la célébration du bicolore dont le thème était cette année « Nou tout fè youn ».

Dans le Nord, la fête a été belle

Le Cap-Haïtien, aussi, a renoué avec sa fierté perdue grâce à cette fête qui a poussé tout le monde dans les rues après les cérémonies officielles marquées par une messe suivie du Te deum à la Cathédrale et un défilé de majorettes.

A travers toutes les rues de la deuxième ville du pays, les gens allaient et venaient, affublés de bleu et de rouge. Fanions et banderoles dominaient les allées qui, en retour, reflétaient les couleurs du drapeau arborées par les fêtards.

Dans certaines artères fermées à la circulation automobile, des meubles étaient exhibés, arrachant un regard admiratif. « Mes meubles sont dans la rue pour que je fasse de ma joie et ma fierté celles de tous les autres. On ne fête pas dans son antre le drapeau qui est notre seul bien commun », exulte une sexagénaire, déplorant d'avoir eu à passer une bonne partie de sa vie sans fêter son drapeau.

« J'ai vécu 10 bonnes années en terre étrangère. J'ai alors connu les frissons de l'exil. C'est en me rappelant combien là-bas elle m'était chère, La Dessalinienne, que je me fais ces folies », déclare-t-elle.

Durant tout l'après-midi, jeunes et moins jeunes ont gagné le Parc Saint-Victor au son de vaccine et de tambour. Là, les jeunes ont montré leurs talents d'artistes, drapeau en main au prix d'applaudissements nourris et de rires de l'innombrable foule qui n'arrive pas à maîtriser son ardeur. La Police capoise a dû opérer plusieurs arrestations.


Alain Gaillard
Lima Soirélus

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