octobre 20, 2007

HAITI A GRAND BESOIN D'UNE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE VIABLE ET EFFICACE...

Oh! Combien de morts, combien de disparus... !

Combien de morts, combien de disparus faudra-t-il encore compter à chaque saison de pluie, à chaque calamité naturelle pour qu'enfin la nation se rende à l'évidence ?

«Haïti a été épargnée»; cette phrase lue et entendue dans la presse internationale dans la matinée du dimanche 19 août 2007, après le passage de l'ouragan DEAN, démontre les inquiétudes prémonitoires des «autres» compte tenu de notre vulnérabilité face aux intempéries causées par le haut niveau de dégradation de notre environnement.

Si DEAN, ouragan de catégorie 4 avait frappé plus sérieusement notre pays, le niveau de perte en vies et en biens aurait atteint des dimensions impensables. Les pluies de ces derniers jours ont affecté pratiquement tout le territoire national. Cependant, il ne s'agissait que de simples systèmes de basse pression affectant également la plupart des îles de la Caraïbe. Y a-t-il eu autant de morts chez nos voisins ?

Notre pays, de par sa situation géographique, doit faire face pratiquement durant 5 mois chaque année à une saison cyclonique en plus des pluies saisonnières dont les effets sont de plus en plus destructeurs et mortels. Réduire notre vulnérabilité impose la disponibilité de ressources financières, matérielles et humaines adéquates et permanentes que seule une déclaration d'état d'urgence pour l'environnement peut garantir.

Il est louable d'atteindre de bonnes performances en matière de réaction aux désastres et de réhabilitation des zones affectées. Cependant, ce sont des actions ponctuelles se situant en aval. Il est à présent plus que nécessaire de mettre l'emphase également sur le facteur prévention, c'est-à-dire en amont, dont les différentes actions permanentes seront les seuls garants d'un vrai développement durable pour lequel la réduction des différents facteurs de risques vis-à-vis des catastrophes naturelles sera un des points marquants.

La République de Port-au-Prince avait déjà oublié DEAN et dans quelques jours les «uns» et les «autres» oublieront peut-être également les inondations de fin septembre - début octobre 2007. Continuer >


N'attendons plus que notre capitale et sa population à plus de 50% bidonvillisée soit frappée de plein fouet par un autre cyclone, une pluie diluvienne, un tremblement de terre ou n'importe quelle autre calamité à haut potentiel de destruction matérielle et de pertes en vies humaines, pour donner suite à cette Déclaration d'état d'urgence. Les changements climatiques à l'échelle planétaire s'ajoutent à présent à nos défis régionaux et locaux. Après 20 ans de requête, il est essentiel de repenser cette Déclaration d'état d'urgence et de l'actualiser sur la base de leçons apprises.

Ces dernières années, les domaines cruciaux suivant ont été pratiquement ignorés, délaissés ou mal gérés par nos décideurs : aménagement du territoire, zonage, délimitation et surveillance efficace des aires protégées, urbanisme, cadastre, réforme foncière, réforme agraire, politique énergétique, pression démographique, etc.

On ne peut plus continuer à traiter ces sujets d'importance nationale d'une manière virtuelle, émotionnelle ou en tant qu'activités taboues réservées à «d'autres». Il faut s'y pencher rapidement pour prendre les décisions qui s'imposent dans l'intérêt national. Le PAE (Plan d'Action pour l'Environnement) de 1998 était déjà le reflet de bonnes réflexions. Onze ans ont quand même eu le temps de passer.

La plupart des réflexions ont été déjà faites. Il suffit de les actualiser. L'heure est maintenant aux bonnes décisions consensuelles et à l'action de garantir un territoire vivable aux générations futures. Les Haïtiens d'ici et d'ailleurs se doivent de ne pas répéter les mêmes erreurs et hésitations de ces 20 dernières années. Si les «autres» se soucient de notre Environnement, quel secteur des «uns» de notre Etat prendra les bonnes initiatives ? L'Exécutif, le Législatif, le Judiciaire ou la Société Civile ?

Fòk nou mete men !

Port-au-Prince le 12 octobre 2007

Pour le Comité Central de Direction de la FAN

Elisabeth Deetjen

Laurence Lemoine

Pierre Chauvet

FAN, 30 Rue Camille Léon, Port-au-Prince,
E-mail : fanhaiti@gmail.com

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