octobre 20, 2007

L'AMENDEMENT DE LA CONSTITUTION HAITIENNE S'IMPOSE...

Préval tire à boulets rouges sur la Constitution

Par: Jean Pharès Jérôme

Depuis un certain temps, le chef de l'Etat haïtien, René Préval, ne jure que par l'amendement de la Constitution de 1987, présentée comme une source d'instabilité. Mercredi, au Palais national, à la face du monde, il a invité les forces vives du pays à faire bloc autour de lui pour faire modifier la Constitution.

Avant même que le président Préval ne s'adresse à la nation à l'occasion de la célébration du 201e anniversaire de l'assassinat de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, un rapport rédigé par Claude Moise et Cary Hector, ayant pour titre '' Rapport sur la Question constitutionnelle et Annexes'', avait été remis aux personnalités présentes au Palais national. Ce document divisé en cinq chapitres pose sans détour la nécessité d'une révision urgente de la loi mère du pays.

Quelques minutes plus tard, la plupart des arguments présentés par les auteurs du rapport ont été repris par le chef de l'Etat dans un discours qui faisait peu de place à Dessalines, cherchant manifestement à convaincre les forces vives du pays à appuyer son projet de remaniement de la Constitution de 1987. « Le rejet de la double nationalité, l'autorité de renvoyer le Premier ministre confiée au Parlement, l'opposition faite au président de la République de ne pas briguer deux mandats consécutifs, l'absence d'une instance pour interpréter la Constitution...», sont quelques-unes des anomalies qui, selon René Préval, doivent être corrigées.

Ces points qu'il qualifie de failles, ainsi que beaucoup d'autres, font de la Constitution une source d'instabilité, estime le président Préval. «Cette Constitution a été rédigée dans le but d'empêcher le pays de revivre une autre dictature, a rappelé René Préval à l'assistance composée de ministres, de directeurs généraux, de parlementaires, des membres du CEP, et la suite. Cependant, elle est incapable d'aider à la stabilisation du pays.»

Dans ce discours prononcé exclusivement en créole, René Préval a présenté l'instabilité comme un poison violent pour le pays. « Le danger pour Haïti aujourd'hui n'est pas un éventuel retour au totalitarisme mais l'instabilité », a indiqué le président, qui affirme que la Constitution de 1987 reste et demeure la principale source de cette instabilité. « La Constitution a énormément aidé, au cours des vingt dernières années, à déstabiliser les régimes autoritaires, a-t-il convenu, mais je reste persuadé qu'elle ne peut pas jouer le même rôle dans un processus de construction démocratique. »

Le chef de l'Etat a, par ailleurs, invité toutes les forces vives du pays à comprendre le bien-fondé de sa démarche et à oeuvrer en vue d'un profond remaniement de la loi mère du pays. « J'espère que vous êtes convaincus comme moi de la nécessité de corriger les failles de la Constitution », a lancé René Préval, immédiatement après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du monument érigé à la mémoire de Dessalines au Pont Rouge.

La grande inquiétude du président Préval reste la complexité des procédures prévues dans le cadre d'un projet d'amendement constitutionnel. « Face à une telle situation, quand est-ce que nos compatriotes de la diaspora vont reprendre leur nationalité ? », se demande, perplexe, le chef de l'Etat. Sans cacher son intention de passer outre aux longues et complexes procédures constitutionnelles, René Préval a proposé la formation d'une commission réunissant experts haïtiens et étrangers et qui aura pour mission de présenter des propositions concrètes.

En plus du remaniement éventuel de la Constitution de 1987, le premier mandataire de la nation s'est montré préoccupé du sort des victimes des dernières inondations. « Aujourd'hui, la nation ressent une double douleur. Elle pleure non seulement le drame du Pont Rouge, mais aussi ses fils emportés par les dernières intempéries. »

Nostalgique du Centre national des équipements (CNE) créé au cours de son premier mandat et de la réforme agraire entamée à la même époque, René Préval rappelle que le pays s'était donné les moyens d'empêcher de telles situations. « C'est dommage que l'instabilité politique ait tout détruit », s'est-il indigné. Sans faire la moindre promesse, le président Préval a présenté ses sincères condoléances aux parents des victimes.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com

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