décembre 03, 2007

CE QUI SE PASSE AU PALAIS DE JUSTICE DURANT CETTE SEMAINE

Au Palais de justice (semaine 26 novembre 2007)

Cour d'appel de Port-au-Prince

Jean-Juste régulièrement mis en liberté

L'événement judiciaire du lundi 26 novembre 2007 a été dominé par la comparution personnelle du révérend père Gérard Jean-Juste, ancien curé de l'église Ste Claire. La Cour, se référant au certificat de santé versé à son dossier, après avoir mis en examen publiquement le père Jean-Juste sous la prévention de détention illégale d'armes à feu et d'association de malfaiteurs, décide d'accorder régulièrement la liberté provisoire au père Gérard Jean-Juste.

Le 28 mai 2007, la Cour d'appel de Port-au-Prince avait rendu une décision ordonnant la comparution personnelle du père Gérard Jean-Juste le dernier lundi du mois de novembre 2007. Comparution ordonnée dans le cadre de l'appel interjeté par celui-ci dans le dossier l'inculpant d'association de malfaiteurs, de détention illégale d'armes à feu.

Visiblement fatigué, malade, père Jean-Juste s'est présenté devant la Cour en vue de répondre aux questions des juges. Yeux clignotants par moments, l'inculpé paraissait être constamment en prière. La Cour siégeant en ses attributions pénales a demandé au révérend Jean-Juste de donner des explications sur la détention illégale d'armes à feu et l'association de malfaiteurs dont il est l'objet. Il a nié avoir détenu d'armes illégalement. «C'est une fausse accusation que je rejette. Un serviteur de Dieu ne saurait détenir d'armes à feu», a martelé père Jean-Juste.

En tant que conseiller spirituel de la présidence, il y avait deux agents de sécurité affectés à mon service.

Les agents de sécurité étaient des employés du Palais. Ils ne dépendaient pas de moi, mais de l'institution dont ils étaient attachés, a déclaré père Jean-Juste.

Il a expliqué que les agents dont il est question faisaient partie de l'Unité de sécurité présidentielle.

Concernant le dossier d'association de malfaiteurs qui pèse très lourd sur son dos, il s'étonne. Il déclare qu'en tant que prêtre, son chef est Jésus. «Je fais partie de l'association des bienfaiteurs, il y a tout un peuple à qui je rends service tant sur le plan social que sur le plan religieux», a-t-il poursuivi.

Il a rappelé aux juges de la Cour que sa maison a été perquisitionnée, mais on n'a pas trouvé d'armes. C'était des armes du Palais national qu'on avait récupérées, a fait remarquer père Jean-Juste. Mon arme est le chapelet (qu'il a exhibé à l'assistance). Un chrétien ne doit pas avoir d'armes à feu, a-t-il lancé.

Au sujet des armes qui auraient été en sa possession illégalement, le représentant du Parquet de la Cour d'appel en la personne du substitut du commissaire Patrick Pierre-Fils, en avait fait lumière. Ce dernier a indiqué aux juges de la Cour qu'à la date du 3 juillet 2006, la Direction de l'unité de sécurité présidentielle avait informé que le service compétent du Palais avait récupéré les armes.

Statuant sur la libération de l'inculpé lui permettant de recevoir des soins de santé à l'étranger, la Cour a déclaré n'avoir pas trouvé de trace d'une quelconque décision autorisant ce dernier à laisser le pays. A cette phase, les juges de la Cour d'appel ont ordonné au substitut du commissaire du gouvernement près de ladite Cour de donner des explications plus précises.

Prenant la parole, Me Patrick Pierre-Fils a prouvé à la Cour qu'une autorisation a été accordée à l'inculpé Jean-Juste. Il a demandé à la Cour d'ordonner la libération immédiate de l'ancien conseiller spirituel du gouvernement lavalas (2e version). Me Pierre-Fils a même donné lecture d'une réquisition signée du commissaire Raphaël Jean-Baptiste en date du 27 janvier 2006, autorisant le transfert immédiat du père Jean-Juste dans un centre hospitalier sur surveillance constante de la police. Cette autorisation avait été donnée à cause des dossiers urgents que réclamait son cas, a poursuivi le substitut du commissaire du Parquet.

Il faut aussi rappeler que la Cour n'est pas liée par le réquisitoire du substitut Pierre-Fils. Elle est libre de ne pas en tenir compte.

Au cours de l'interrogatoire, l'inculpé, en langue vernaculaire a déclaré: «Je suis cancéreux. Je ne sais comment je suis encore en vie. Dieu ne veut pas de moi». Pendant qu'il répondait aux questions, il donnait le visage de quelqu'un qui souffre profondément, atrocement. Mais comme il a laissé entendre, il est venu par respect pour les juges et pour la justice de son pays.

L'audience a failli être perturbée par la présence de ses partisans et de ceux de Lafanmi Lavalas. Des ovations suivaient chacune des réponses du père Jean-Juste aux questions des honorables membres de la Cour d'appel. Des hauts cadres de Lafanmi Lavalas venus lui apporter leur solidarité dont Mme Annette Auguste (Sô Ann), Lavarice Gaudin (Veye yo), Lucie Tondreau, John Harrisson, Ollie Jefferson (avocat), POOJABHATIA (avocat) étaient dans l'assistance.

Rappelons que le conseil de la défense était composé de Mes Mario Joseph, Rousse Célestin, Guerdine Jean-Juste, Roudy Aly, Garry Orélien, Daniel Létang.

Cette Cour d'appel a été présidée par le juge Lise Pierre-Pierre ayant pour assesseurs Jean-Joseph Lebrun et Eddy Darang; Me Patrick Pierre-Fils remplissait la fonction de substitut du commissaire et Philippe Mario Milorme, greffier.


Jean-Robert Fleury

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