janvier 03, 2007

DES JURISTES ET DES ÉCONOMISTES GRADUÉS SUR FOND DE CRISE SOCIALE

Texte tiré du quotidien haitien Le Nouvelliste
Des juristes et des économistes gradués sur fond de crise sociale


S'ils ont dû braver les dangers des rues et accepter les arrêts momentanés des cours dus à la situation sociopolitique du pays, les mémorands en sciences économiques et en sciences juridiques de la FDSE ont couronné, dans la plus grande hésitation, leurs quatre années d'études universitaires sous la légende « Veritas Vencit ».

P U B


La mauvaise santé de l'appareil judiciaire, les difficultés dues à l'obtention des diplômes universitaires, le phénomène de l'insécurité et la passivité des gouvernants ont dominé la cérémonie de graduation de la promotion sortante 2002-2006 de la Faculté de Droit et des Sciences économiques (FDSE) organisée dimanche dernier au Karibe Convention Center. Cette cérémonie devait résonner comme à la fois un ouf de soulagement et un cri de détresse aux autorités présentes à cette cérémonie.

« Tout notre parcours a été marqué par l'inquiétude la plus vive au point que le décanat eût dû concevoir des horaires spéciaux afin de nous faciliter la tâche », a indiqué Odré Valbrun, lauréat en sciences économiques de la FDSE en présence du président de la commission Justice et Police du sénat de la République, Youri Latortue, du directeur général de la Police nationale, Mario Andrésol, du recteur de l'Université d'Etat d'Haïti, Pierre Marie Paquiot et de plusieurs membres du corps professoral de ladite université.

Cependant, si M. Valbrun peut se faire un recul par rapport à cette bataille que lui et ses camarades de promotion ont menée, rien n'est encore dit quant à leur orientation professionnelle. Il se plaint de la mauvaise utilisation des cadres formés par la seule université de l'Etat haïtien. « On dirait que l'éducation au pays se donne comme une fin en soi et ne répond à aucun besoin exprimé par la société », se lamente-t-il avant de déplorer le fait que l'Etat continue de subventionner les études des bacheliers sans un plan pour leur intégration dans le marché de travail.

M. Valbrun fustige la tendance qui prône au niveau de la communauté internationale que le pays fait face à un manque de ressources humaines. « Alors que ces flux d'économistes ne sont destinés a priori qu'à grossir le rang des chômeurs, on se plaint de partout d'un manque de ressources humaines qualifiées qui puissent participer à insuffler au pays un nouvel élan pour son développement. Quel paradoxe ? », se questionne-t-il. Continuer >





Le dernier lauréat de la Faculté des Sciences économique impute le déferlement des coopérants au pays à l'absence de structure permettant aux professionnels haïtiens de faire des expériences.

S'ils ont exprimé leurs sentiments de satisfaction en raison de la fin du cycle d'études et de leur misère, ils n'ont pas caché leur préoccupation par rapport à l'insécurité, la corruption et les rebondissements provoqués par leurs aînés au niveau de l'appareil judiciaire.

Entre la crainte et l'espoir

« Si la crainte est le résultat de la faillite de nos élites politiques, économiques et intellectuelles, l'espoir, par contre, ne repose que sur vous », a fait remarquer la marraine de la promotion, Marie Gerva A. Noëlsaint, qui avait à ses côtés l'Ing. Franck Ciné.

« Autant dire que c'est à vous qu'il appartiendra de recoudre les morceaux de ce tissu social, s'il est encore possible, de réduire les inégalités flagrantes de nos classes sociales, de vaincre l'analphabétisme et la corruption qui gangrènent la société et de redonner vie à nos institutions », a indiqué Mme Noëlsaint.

Nos problèmes proviennent de nos mensonges

« Le mensonge dans lequel nous pataugeons reste la source principale de nos problèmes. Et pour y remédier, il nous faut l'homme qu'il faut à la place qu'il faut », a martelé Barbara Bertrand, lauréate en sciences juridiques de la promotion 2002-2006 de la Faculté de Droits et des Sciences juridiques (FDSE) de l'Université d'Etat d'Haïti.

Son discours est clair. Haïti est victime de la médiocrité de ses dirigeants et elle plaide pour que les imposteurs soient mis à leur place. Barbara Bertrand estime que les gens qui font figure de sérieux, de capables et de patriotes deviennent de plus de plus rares dans la société haïtienne. « Vivant dans ce chaos planifié, organisé, dirigé et contrôlé, on ne saurait en trouver beaucoup », a-t-elle soutenu.

La lauréate appelle ses camarades à faire preuve de sérieux, de patriotisme et de respect envers le pays et les exhorte à lutter dans leurs rangs respectifs contre la corruption. Car, dit-elle, c'est en aimant notre pays que nous porterons les autres à porter des jugements favorables à son égard.

Baptisée « Veritas Vencit », la promotion 2002-2006 de la FDSE compte 125 étudiants dont 55 en Sciences économiques et 70 en Sciences juridiques.


Lima Soirélus