janvier 31, 2008

ACTUALITÉS JUDICIAIRES : BILAN DE LA SEMAINE

Un nouveau juge au tribunal de Première instance de Port-au-Prince

Me Fritzner Duclair a prêté serment, ce midi, comme juge au tribunal de Première instance de Port-au-Prince. La cérémonie de prestation de serment a été présidée par le juge Durin Duret Junior.

Celui-ci a siégé pour la première fois depuis l'année 2008. L'absence trop répétée du substitut à l'audience en était la cause. Finalement, on a décidé de remplacer le substitut Joseph Jeudilien Fanfan à l'audience du mardi. C'est une bonne nouvelle pour les avocats ayant leurs dossiers en souffrance à la première chambre civile.

En dépit de la présence du magistrat remplaçant, le juge Duret Junior a siégé dans le but de recevoir le nouveau juge Duclair qui est réintégré dans la Magistrature haïtienne au sein de laquelle il a œuvré pendant de longues années.

Le juge Durin Duret Junior a salué le retour de son collègue. Ce dernier est de retour à un moment où il ne manque pas de dossiers brûlants à traiter. Il doit aussi éviter d'être influencé par quelque secteur dans l'exercice de ses fonctions de juge au tribunal de première instance de Port-au-Prince. Dans son allocution, le juge Duclair reconnaît déjà que juger ses semblables est une mission difficile. En revanche, elle n'est noble que lorsqu'elle est rendue en toute impartialité avec pour boussole les textes de loi:

«L'idée de justice, la nécessité de rendre justice ne date pas d'hier. Plusieurs générations avant nous ont compris qu'aucun citoyen sérieux ne peut évoluer dans une société où la justice ne prédomine pas. De nos jours, nos concitoyens font de la justice l'une de leurs principales revendications et le gouvernement a bien compris que pour rendre justice à ce peuple qui souffre d'injustice, la nomination de juges intègres, capables de distribuer la justice avec équité s'impose. C'est une tâche lourde et délicate. Le magistrat doit s'armer de courage et de grandeur d'âme pour dire le mot du droit dans les circonstances difficiles. Le juge n'a pour patron que la loi, la jurisprudence, la doctrine, en plus de sa conscience de magistrat. Il aura toujours à faire face à des problèmes divers et de taille, à affronter des adversaires puissants et redoutables.

Cependant, qu'importe à un honnête homme et à un patriote de quel côté partent les applaudissements s'il sait qu'il fait son devoir et qu'il sert son pays. La justice est le socle de la démocratie. Elle est cette huile qui doit nécessairement alimenter cette démocratie encore jeune et fragile. La justice élève une nation et a la garde de sa bonne réputation et de son capital moral. Elle doit garder jalousement l'héritage de gloire à nous transmis par les ancêtres au prix de grands sacrifices. Dans toute société où règne l'injustice, ou la puissance de l'argent fait taire la justice, c'est la violence qui s'y installe.

La justice doit garder son indépendance pour empêcher cette société de sombrer dans l'anarchie. Des magistrats honnêtes et compétents fournissent un service appréciable au sein du système. Ils méritent d'être appréciés dans une société où la question d'honnêteté gêne tant elle constitue un miroir qui étale aux yeux des corrompus la laideur de leurs actions. Notre société est frappée d'une dégénérescence morale si aiguë qu'elle tend à tolérer ou accepter l'inacceptable. L'homme honnête est malheureusement pris pour un stupide alors que corrupteurs et corrompus se sont donné un brevet d'hommes intelligents. Des citoyens à la fois compétents et corrompus représentent un poison dangereux pour le pays. Malheureusement, on les retrouve partout. Lorsque la corruption s'installe dans une société, s'attaquer à elle se révèle ardue et requiert courage et détermination. Ses racines sont si profondément implantées dans notre société, nos mœurs, qu'elle fait même partie de notre vécu quotidien.

L'effort pour remédier à cette situation doit être collectif car il faut s'attaquer aux structures même de la société et présenter de nouveaux moyens pour combattre aveuglement ce fléau. Exorciser ce démon au sein du système judiciaire haïtien nécessite un effort constant et nous, magistrats, devons en être les principaux acteurs. Collègues magistrats, dans cette longue bataille vous pouvez compter sur moi. J'ai toujours été pendant toute ma carrière un magistrat honnête. Je suis persuadé que par la grâce de Dieu je continuerai sur ce chemin et j'invite tous les magistrats de la République à s'engager dans cette lutte difficile certes, mais noble.»

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