mars 25, 2008

TOUTE L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE

L'actualité en question


L'administration Préval/Alexis ne juge-t-elle pas encore opportun d'intervenir dans le débat sur cette question de nationalité, au nom des intérêts supérieurs de l'Etat, pour éviter, dans le court terme, une crise institutionnelle au pays?

Nous persistons à dire que cette question de double nationalité soulevée dans le cas particulier du «sénateur contesté Rudolph Boulos» peut se révéler un épiphénomène, un arbre qui cache une forêt de difficultés à affronter, à résoudre par la société haïtienne. Il faut, au-delà du cas Boulos, penser à des milliers de citoyens haïtiens portant le handicap d'une nationalité étrangère qui pourront légitimement afficher leur prétention de participer à la gestion de la chose publique ou de jouir des privilèges et droits acquis par la naissance. Comment la société haïtienne y fera-t-elle face dans dix, quinze ou vingt ans?

Nous ne pouvons vouloir une chose et en même temps son contraire. Nous ne pouvons en tant qu'Etat adopter la loi du sang et abandonner des milliers d'enfants qui sont le sang de notre sang, ou mieux, les mépriser comme des parias... Ou les ignorer, tout simplement! Combien d'entre nous aujourd'hui attendent avec impatience que Jhonny Placide manifeste ouvertement l'intention d'intégrer l'équipe nationale de football? Pourtant, ce gardien de but talentueux est balloté entre une nationalité haïtienne (d'abord) et la nationalité française. Il faut que l'Etat haïtien, à travers ses institutions, à travers ses lois clairement fixées, conditionne l'exercice des droits et privilèges de ces ressortissants en situation particulière. Dans l'intérêt de tous et de chacun! Dans le sens de la préservation de la souveraineté nationale!

Combien sont-ils les petits Haïtiens - nés sur une terre étrangère - qui fréquentent nos écoles, baignent dans notre culture et qui parallèlement quittent nos frontières avec des documents de pays étrangers? Ne sont-ils pas des Haïtiens parce que nés de père et de mère haïtiens? Même pour leurs parents haïtiens ne sont-ils pas considérés comme des Luders, comme des "Haïtiens étrangers"? Pour la patrie et pour tous ses fils, il est question de donner une dimension nationale à cette question de double nationalité qui risque d'être perçue comme une affaire Rudolph Boulos/48e Législature.

Justement, cette question de double nationalité soulevée au Sénat de la République peut déboucher sur une crise institutionnelle. Il sera très difficile d'atteindre le quorum dans les prochains mois au Grand corps. Les élections pour le renouvellement du tiers des sénateurs étant jusqu'ici dans l'impasse, cette Chambre haute va connaître une réduction de son effectif régulier. De 30, le nombre des sénateurs peut être réduit à 18 avec la mort de Noël Emmanuel Limage et la situation particulière de Rudolph Boulos.

Parallèlement, ce vent va souffler à la Chambre basse. Combien de députés sont dans le cas du sénateur Boulos ou dans celui du sénateur Compère? La question du ministre de la Justice, René Magloire, détenteur, dit-on, de la nationalité canadienne, est-elle déjà résolue?

Ce pays frappé par une hausse vertigineuse du coût de la vie peut-il se payer le luxe d'affronter une crise institutionnelle?


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Peut-on prévoir toutes les conséquences de la démission du sénateur Rudolph Boulos?

Le ménage a, semble-t-il, été fait au niveau de la Chambre haute mais on attend que la Chambre basse emboîte le pas. Question de ne pas donner l'impression que la question de double nationalité était agitée juste pour coincer le désormais "sénateur" Rudolph Boulos démissionnaire. Cette démission est encore verbale et la pratique au Grand corps veut qu'elle soit présentée par écrit.

Cette démission, somme toute, laisse entier le dossier de la double nationalité. En dehors des enquêtes à mener au niveau de la Chambre basse, il y a le cas du ministre de la Justice, Me René Magloire, qui reste encore pendant. Pourquoi faudrait-il contraindre un sénateur à la démission si un ministre ou un député peut être détenteur d'un passeport étranger? Le ménage à la Chambre haute en appelle à un grand coup de balai à tous les niveaux de l'édifice national.

Le dossier de la double nationalité reste entier puisque la question de l'identité des citoyens n'est pas encore résolue. Ce Parlement n'avait-il pas repoussé le choix d'un Premier ministre sous prétexte qu'il ne pouvait présenter l'acte de naissance de son père? Si on veut être tatillon, les prochaines compétitions électorales ou mieux le processus électoral doit pouvoir être fiable quant à la validité des prochaines candidatures. Peut-on, une nouvelle fois, offrir à la face du monde le spectacle d'un Etat inconséquent, irresponsable, désorganisé?

La question de la double nationalité va au-delà de la personne de M. Rudolph Boulos ou de M. Ultimo Compère. Elle doit participer d'un débat ouvert, d'un dialogue national, d'un consensus national qui prend en compte la souveraineté nationale, la satisfaction des intérêts de tous, l'harmonisation des rapports de tous les citoyens. Elle dépasse le cadre d'un mandat électoral puisqu'elle relève de l'organisation sociale dans ce qu'elle a de pérenne, de fondamentale.

Allons-nous comprendre l'enjeu social ou mieux la cohésion sociale qui peut découler d'une résolution sérieuse, pragmatique, honnête et réaliste de cette question de double nationalité à un moment où beaucoup de nos enfants sont nés sur une terre étrangère?

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Depuis plus de deux ans, des députés roulent en voiture de location aux frais de la princesse alors que l'Etat avait consenti des débours considérables pour permettre à chaque membre de la Chambre basse de se procurer un véhicule personnel. Ces révélations sont faites par les députés Steeven Benoît et Dorson Jean Beauvoir à l'espace « Invité du jour » de Radio Métropole, ce mardi. Une allocation de 15 mille dollars américains était accordée à chaque membre de la 48e Législature à cet effet.

Sur quelle base ces députés ont pu bénéficier de tels privilèges? Les deux députés, au cours de leur intervention, admettent que la corruption règne en maître dans la gestion de la Chambre basse et ont cité les arguments avancés dans deux rapports accablants sur le fonctionnement et la gestion de cette institution dont l'un a été dressé par des experts de l'Union européenne. Les conclusions de ces rapports, aux dires de ces députés, s'accordent sur l'impérieuse nécessité de fermer cette Chambre si des mesures de redressement ne sont pas apportées au plus vite.

Les députés Steeven Benoît et Dorson Jean Beauvoir ont parlé de dilapidation, de pillage des fonds alloués par l'Etat haïtien à la Chambre des députés et estiment même que ces rapports devraient être rendus publics pour l'édification de l'opinion. Question d'identifier clairement ces élus qui ont pillé les caisses publiques alors que l'Etat n'arrive pas à doter de matériel les rares écoles publiques du pays.

Il parait que depuis la tragi-comédie de l'interpellation du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis, le 28 février 2008, la Chambre des députés fonctionne au ralenti. A preuve, les députés Benoît et Beauvoir évoquent les péripéties du projet de Loi électorale dont le vote aurait dû bénéficier de la célérité dans l'urgence. Ils dénoncent les convocations de ministres qui se révèlent au fond une foire d'empoigne, un véritable show-off politique précisant que cette Chambre gangrénée par la corruption n'a de leçon à donner à personne.

Il y a de fortes chances que l'effectif de cette Chambre des députés, à partir de 2010, augmente en fonction du nombre des communes. Et là encore, il paraîtrait logique que certaines communes à forte densité démographique soient proportionnellement représentées. Comme quoi nous allons augmenter le nombre des députés alors que la Chambre basse, disons le Parlement, n'arrive pas encore à jouer son rôle plein et effectif dans la gestion de l'ordre social, dans le maintien de l'équilibre des pouvoirs! En toute logique, nous n'allons pas nous remettre à la sollicitude agissante de l'Union européenne pour construire ou réaménager le Palais législatif, capable d'accueillir cette pléthore de députés!

Comment passer d'une « Chambre de députés j'approuve » à un Parlement bicaméral efficace, conscient de son rôle, des limites de son pouvoir et de ses prérogatives, travaillant pour l'avènement du règne démocratique et pour l'avancement du pays? C'est désormais le grand défi!

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