avril 03, 2008

PENSER & PANSER L'ENVIRONNEMENT EN HAITI ...

« Penser » et « Panser » l’environnement haïtien : des mesures drastiques et urgentes s’imposent

Par Amary Joseph NOEL


« Environnement » est le concept utilisé pour évoquer l’ensemble d’éléments naturels et artificiels qui entourent un individu ou composent l’aspect général d’un pays. C’est une structure complexe et composite dont l’écologie et le milieu ambiant sont les volets les plus importants. Ce n’est que, par analogie, que le vocable est utilisé en science moderne pour désigner l’ensemble des logiciels nécessaires à l’exécution d’une application sur un ordinateur.

Ce qui nous intéresse, dans cet article, c’est l’état des mornes, les catastrophes annoncées par l’érosion ou la disparition des terres arables à la faveur de la passivité des dirigeants et élites d’Haïti.

A l’heure où notre parlement se penche sur des questions peu urgentes, voire saugrenues comme la double nationalité ou la détention d’une nationalité étrangère par leurs pairs, les problèmes les plus impérieux du pays et de la nation sont laissés en veilleuse.

Haïti est en train de mourir. Le pays est occupé! L’insécurité bas son plein. Les habitants des quartiers résidentiels de la Capitale sont tenaillés par la peur. Les rues de la Capitale sont abandonnées aux débris et aux immondices. Personne ne se gène pour déverser toutes sortes de malpropretés sur la voie publique. Pour s’en faire une idée, on n’a qu’à suivre les « tap tap » (camionnettes) bondés de passagers qui encombrent les rues de la Port-au-Prince. Des bouteilles en plastique, des morceaux de papier, des mégots de cigarettes en sortent, de temps à autre, comme des projectiles pour atterrir sur la voie publique. Le tourisme qui devrait être une source intarissable de devises pour le pays est au point mort. Haïti ne produit plus. L’agriculture est moribonde dans le pays qui s’était adjectivé « agricole » depuis son indépendance. Les enfants en guenilles réduits à la mendicité et exposés aux pires violences pullulent dans les rues de la Capitale et des villes de provinces. Le spectacle affreux des mornes dénudées n’émeut guère nos parlementaires. Comme les habitants de l’île de Pâques, les sénateurs investissent beaucoup dans l’idéologie du pouvoir et peu dans la sauvegarde nationale.

« Pascuans » d’Haïti, nous n’avons plus de délais! Cessez de rejeter vos frères sur des bases superfétatoires, politiques et idéologiques. Haïti a besoin de tous ses fils pour faire le « take off » vers le développement. Elle nécessite surtout l’expertise de ceux qui vivent dans les pays développés du globe. Nombre d’haïtiens qualifiés vivent, aujourd’hui, en dehors du pays. Plus de 80% des cadres haïtiens vivent en Amérique du Nord, du Sud et en Europe avec une nationalité étrangère et un pouvoir économique certain. N’avons-nous, vraiment, pas besoin d’eux? Repousser ou humilier les Haïtiens qui ont adopté une autre nationalité étrangère témoigne d’un passéisme aberrant. L’article 15 de la Constitution de 1987 en proclamant que la « double nationalité n’est accepté dans aucun cas » a écarté définitivement d’Haïti le spectre de « l’affaire Luders ». Les temps ont changé! Le monde vit, de nos jours, l’heure des grands blocs de nations. La tournure qu’ont prise au Parlement haïtien les démêlés relatifs au problème de la double citoyenneté et nationalité et ont révolté plus d’un. Caveant consules!(Que les consuls prennent garde!)

Ils sont nombreux les citoyens qui souhaitent que le Parlement fasse preuve de cohérence, mette l’occupation en accusation et rejette les occupants hors d’Haïti. Comment parler de Constitution à respecter et couver 38 armées étrangères sur le sol national au grand dam des Forces armées d’Haïti prévues par la même Charte Suprême? Comment peut-on continuer d’entériner la mise en veilleuse, voire la destruction pure et simple des FADH par décision non référendaire ou autocratique?

Souvent la politique partisane impose des oeillères qui empêchent de voir au-delà de la convoitise. Ce qui se passe en réalité, c’est qu’on est en train d’offrir aux pays voisins et d’autres nations du globe, déjà plus fortunées, les richesses et potentiels des Haïtiens de double nationalité. Pour les opportunistes de certains États, les millions n’ont pas de nationalité. Ils en achètent! Par exemple, l’avance dominicaine s’expliquera par la cohésion des dominicains, leur orgueil national et la force de leur vie démocratique mais aussi et pour longtemps encore par le retard haïtien.

C’est l’absence de lois appropriées, la non application des prescrits légaux, l’indifférence des décideurs et le « je m’en foutisme » des leaders haïtiens qui coupent les arbres et poussent nos populations au grappillage!

Invité à la foire binationale 2008, nous nous sommes rendu à la frontière dominicano-haïtienne le 1er mars passé. Nous étions étonné de voir que la nouvelle route Port-au-Prince- Mirebalais qui relie la capitale au Nord d’Haïti soit si étroite, une route à deux voies, aller et retour, bordée d’une falaise abrupte au niveau du « Morne à Cabrits. » Les efforts consentis pour cette nouvelle route financée par la Communauté Européenne représentent, sans nul doute, un progrès pour la zone et un soulagement pour les usagers de la route. Avant, les risques d’accidents sur une route étroite, malaisée et poussiéreuse étaient très fréquents. Nous ne pouvons témoigner, faute de statistiques exactes, du nombre de compatriotes qui sont passés de vie à trépas à cause du mauvais état de l’ancienne route.

Mais comment en 2008 peut-on, avec l’aide financière étrangère, ne pas avoir pensé à deux tronçons aller et un retour totalement indépendants l’un de l’autre au niveau du Morne à Cabrits? Pourquoi a-t-on conservé plus de 3 kilomètres de falaise? A-t-on pensé à protéger la VIE? Il est clair, pour nous, qu’avec le nouveau tracé, les risques d’accidents et de morts d’usagers de la route n’ont pas disparu. Ont-ils augmenté? Attendons pour en parler.

Comment ne pas se préoccuper de constater que tous les participants à la fête (même des officiels) ont dû traverser la frontière pour trouver gîte la nuit dans les hôtels de Elias Piña ( ville dominicaine située à environ 5.000 milles de Belladère) . Les organisateurs, bien qu’ils savaient depuis longtemps qu’il leur incombait de réaliser la foire, n’avaient rien fait pour porter entrepreneurs et responsables haïtiens à investir dans des hôtels et autres infrastructures.

Nous avons aussi été frappé par la beauté des flancs de mornes. Les quelques arbres restants témoignent avec acuité des dégâts de l’érosion, du pillage éhonté et irrationnel de la flore nationale, mais rassure, en faisant voir que les versants n’ont pas encore atteint le niveau d’aridité totale. Mes amis, nous n’avons plus de délais! Nous consumons notre dernière chance!

A l’aller et au retour, nous avons croisé sur notre route environ une dizaine de camions bondés de sacs de charbon de bois en direction de la Capitale. Et nous nous sommes demandé : « Comment peuvent-ils, encore, remplir des sacs et des camions, s’il est clair qu’il n’y a plus d’arbres? » Comme le dernier Pascuan, ils sont en train de couper « le dernier arbre ». Ils immolent l’avenir du pays et l’existence même de la nation sur l’autel de leur subsistance d’aujourd’hui. En sont-ils conscients? Nous en doutons fort.

La faute est aux décideurs! Si le Président dominicain Joaquín Balaguer, n’avait pas pris des mesures draconiennes pendant son règne, la couverture forestière de la République dominicaine ne serait pas aujourd’hui de 30%. La République Dominicaine ne saurait connaître l’essor économique qu’elle vit de nos jours. La couverture forestière d’Haïti est moins de 1,5%! Les minifundia empêchent tout développement d’agriculture intensive! Et l’on continue de chanter : « Haïti, pays essentiellement agricole! ». Des informations sur la saga Balaguer sont offertes par Jared DIAMOND dans « Effondrement, Comment les Sociétés décident de leur Disparition ou de leur Survie » :

Après la mort de Trujillo, en 1961, le mur dressé contre le pillage généralisé de l’environnement dominicain s’est écroulé. Des occupants illégaux se sont emparés des terrains et ont recouru aux feux de forêt pour déboiser à des fins agricoles; une vaste immigration désorganisée s’est déversée de la campagne dans les périphéries urbaines; de riches familles de Santiago ont commencé à pratiquer la coupe de bois à un rythme plus élevé que sous Trujillo… Les taux de coupe de bois se sont accélérés jusqu’à l’élection de Balaguer en 1966. Ce dernier réagit en retirant au ministère de l’Agriculture la responsabilité de la protection des forêts pour la confier à l’armée et en déclarant les coupes de bois, crimes contre la sûreté de l’État. L’armée lança un programme de vols de reconnaissance et d’opérations militaires qui a culminé en 1967 à l’un des évènements les plus marquants de l’histoire de l’environnement en République Dominicaine : le premier d’une série de raids nocturnes des militaires contre un vaste camp de bûcherons clandestins. (Il causa la mort d’une dizaine de bûcherons.) L’abattage illégal déclina considérablement.

La manière forte fut à nouveau appliquée dès le retour de Balaguer à la Présidence en 1986. A nouveau, l’armée fit la chasse aux bûcherons qui avaient repris leurs activités dans l’intervalle. En 1992, la troupe intervint dans le Parc National de Los Haitises, dont 90% de la forêt avait été détruite : puis ce fut au tour de demeures bâties en toute illégalité dans le parc national Juan B. Pérez d’être détruites. Balaguer promulgua une loi…aux termes de laquelle toute clôture devait consister en arbres vivants plutôt qu’en madriers coupés (souligné par nous)…Il passa des contrats pour des importations de gaz naturel liquide du Vénézuela ( construction de plusieurs terminaux pour importer le gaz, prix du gaz subventionné pour concurrencer le charbon de bois et distribution gratuite de gazinières et de bouteilles afin de substituer le gaz au charbon de bois). » (p.407-408)

Et, Emmelyne MICHEL, grande vedette de la Chanson haïtienne, continuera de soupirer : « mwen santi mwen jalou.., nou pran move bout »( Je me sens jalouse… Nous avons pris la mauvaise portion) alors qu’il faille interroger la variable humaine et l’aveuglement de nos responsables politiques de plus de deux siècles.

« Comprendre les raisons pour lesquelles les groupes prennent souvent de mauvaises décisions, c’est s’armer de connaissances pour mieux les orienter à prendre de judicieuses décisions ». (idem, p.481)

C’est que nous allons essayer de faire avec vous, aujourd’hui. C’est encore de DIAMOND que nous empruntons la logique et les catégories de réflexion pour tenter d’apporter des lumières au 5ème pouvoir et à la collectivité haïtienne sur les comportements néfastes de la population haïtienne.

Pour Jared DIAMOND, trois principes président à la commission des funestes erreurs par des groupes ou des sociétés organisées :

1o) L’incapacité d’anticiper un problème avant qu’il survienne.
2o) L’incapacité de percevoir qu’un problème se pose vraiment. Pour DIAMOND ceci est lié à la « distance des gestionnaires » et à « l’amnésie du paysage » qui est connexe à ce que les Politiques appellent la « normalité rampante » .
3o) Fruit du « comportement rationnel », les sociétés échouent à résoudre même les problèmes qu’ils ont perçus. .

Nos compatriotes, en Haïti, n’ont pas su prévoir l’impact de l’utilisation du bois comme seul combustible au niveau national et moyen d’étayage des toits en construction.

Le déboisement est un fait national en Haïti. Et, les sorties hypocrites pour amuser la collectivité ou endormir les enfants en période de grande réjouissance populaire, comme les slogans « carnaval vert » , « Haïti verte » ne font que nous éloigner encore plus des solutions appropriées. Pour verdir Haïti, il n’est pas nécessaire de planter des arbres. Il faut surtout empêcher le broutage excessif et la coupe de ceux qui poussent naturellement! Nous n’exagérons pas si nous disons, ici, que la disponibilité d’arbres en nombre dans un pays est la base ou le requis de base de tout développement national.

Les origines de certains problèmes ne peuvent littéralement pas être perçus. Par exemple, « les nutriments responsables de la fertilité des sols sont invisibles à l’œil nu et on ne les mesure par des analyses chimiques que depuis l’époque contemporaine. » L’on devrait interdire en Haïti que le feu soit utilisé en lieu et place du sarclage pour le nettoyage des lopins à cultiver.

« L’autre problème, c’est « la distance des gestionnaires. » Faute de proximité géographique, les cadres…peuvent ignorer un problème. » En Haïti le système de gestion maintient les décideurs à Port-au-Prince ou dans les villes, donc, dans l’impossibilité de vivre cette proximité qui leur apporterait une connaissance claire des situations objectives. Ceci renforce l’idée de la nécessité de changer le mode de gestion du territoire national. L’éventualité de créer un État fédéral haïtien est à considérer. Les élus seraient, sans répit, sous la pression de leurs mandants. Les Responsables ou fonctionnaires seraient plus proches de la population. Ils prendraient plus facilement conscience des dangers que causent leur absentéisme et leurs joutes idéologiques sans grandeur. Les solutions idoines seraient plus faciles à trouver.

En clair, les décideurs, au plus haut niveau, doivent chercher à avoir une connaissance exacte du territoire et détenir un inventaire des ressources s’ils veulent assurer une bonne gestion du pays.

Ceux d’aujourd’hui peuvent-ils répondre aux questions suivantes sans exiger de délais?:

1) Combien de carreaux de terre sont cultivés en Haïti aujourd’hui?
2) De combien d’hôtels devrions nous disposer pour répondre aux demandes des touristes d’une Haïti pacifiée et sécurisée?
3) De combien de gestionnaires disposent le pays? (Combien dans chaque sphère de la division sociale du travail?)
4) Combien de carreaux de terre sont devenus incultivables depuis les 25 dernières années?
5) De combien de cadres formés dans le secteur professionnel dispose le pays?
6) Dans quelles aires de professions, Haïti connaît-elle le plus grand manque?
7) Combien de kilomètres de routes sont véritablement asphaltées en Haïti?
8) Combien de tonnes de mangues le pays produit chaque année?
9) Combien de tonnes de cafés Haïti produit aujourd’hui? Qu’est ce que cela représente en fait de recul ou avance sur les années antérieures?
10) De par la situation objective du pays, ses ressources quelle devrait être l’activité économique majeure de la nation haïtienne?
11) Combien de projets (routes, bassins versants, développements agricoles etc.) préparés et rétribués moisissent dans les tiroirs des Ministères?
12) A combien pourraient s’élever les rentrées économiques si le lac Azuei et autres sites, comme les multiple forts, étaient exploités pour le tourisme, l’écotourisme incluant un grand parc zoologique?
13) De quelles ressources minières disposent Haïti? Leur localisation?
14) Énumérez les différents types de poissons qui vivent dans les mers frontalières haïtiennes? (préciser dimension, mode de vie, quantité).
15) Combien de forts compte Haïti?
16) Pourquoi a-t-on détruit le système de chemin de fer haïtien? Etc.

En Haïti nous souffrons de ce que les hommes politiques appellent la « normalité rampante » à laquelle serait liée « l’amnésie du paysage ». On oublie à quel point le paysage alentour était différent il y a cinquante ans parce que les changements d’année en année ont été graduels, imperceptibles même : « Une année, quelques arbres sont coupés ici et là, mais de jeunes arbres commençaient à repousser sur le site de ce jardin abandonné. Seuls les plus vieux habitants de l’île, s’ils repensaient à leur enfance des décennies plus tôt, pouvaient voir la différence… » id, passim.

Ces jours ci, on est en train d’opérer des coupes de mornes à Port-au-Prince sur les hauteurs de Belvil et Péguy ville à la barbe d’une responsable aussi progressiste et dynamique que la mairesse de Pétionville. Des bidonvilles naissent en 2008 dans la Capitale de la Première République noire du Monde! L’érosion atteint un stade avancé dans les mornes du Plateau Central, bastion de l’élevage dans les années passées.

« Les sociétés échouent à résoudre même un problème qu’elles ont perçu. Ceci est le fruit d’un comportement rationnel. » En effet, écrit DIAMOND, « par raisonnement, certains adoptent un comportement qui est, en réalité, dommageable à d’autres mais que la loi autorise de fait ou par non application…Ils sont… très motivés par la perspective de réaliser des profits importants, certains, immédiats, alors que les pertes se distribuent sur un grand nombre d’individus. Cela donne aux perdants peu de motivations pour se défendre. » Les ressources communes sont surexploitées. Ceci est conséquence d’une forme d’égoïsme et de calcul : « Si je ne coupe pas cet arbre ou n’attrape pas ce poison c’est un autre qui le fera; je n’ai, donc, aucune raison de me retenir de surpêcher ou de surécolter. » La mentalité de l’haïtien ne lui permettra jamais de décider de restreindre par lui-même son appétit grâce à la reconnaissance d’intérêts communs à sauvegarder. C’est, donc, au Parlement haïtien d’édicter les lois et à l’Éxécutif de les faire respecter. L’État haïtien ne doit rien laisser à la discrétion de ses nationaux s’il veut que ce pays aille de l’avant. Il doit règlementer la coupe des arbres, la pêche, l’alignement des maisons en construction, l’entretien des routes, l’exploitation des cours d’eau, des carrières de sable, des mines etc.

Il en est de même de la propreté des parcs publics, des rues et des quartiers. Après la moindre pluie, par exemple, les rues de Port-au-Prince se transforment en de véritables dépotoirs de détritus. Sans aucun scrupule, les ménages des quartiers marginaux déversent le contenu de leurs poubelles dans les eaux de ruissellement. Qu’on déclare aux citoyens des villes d’Haïti : « Vos fatras vous appartiennent! Gardez-les avec vous jusqu’à ce que vous trouviez une poubelle ou une décharge autorisée. » Qu’on donne une carte d’identité gratuite à chacun et qu’il aille au bureau des contributions payer des contraventions pour atteintes aux normes et lois édictées en vue de la sauvegarde de la communauté et du patrimoine national. Uriner dans les rues est passible de sanctions, n’est-ce pas?

Il faut faire vite! Car, si une décision politique peut résoudre les problèmes d’insécurité et de violence, elle ne peut que sonner le ralliement autour de la question environnementale. Sans préjudice des décisions inéluctables à prendre pour assurer un climat de paix dans le pays, les problèmes les plus cuisants d’Haïti sont ceux liés à l’environnement. En effet, aucune décision humaine ne peut faire pousser des arbres du jour au lendemain! La variable temps interviendra, toujours, comme frein ou handicap. Il faut au moins un quart de siècle pour sortir du drame environnemental. Mettons-nous à la tâche, messieurs, il se fait tard!!!


Amary Joseph NOEL,
Coordonnateur Général de la Confédération des Haïtiens pour la Réconciliation (CHAR)
e-mail : charayiti@yahoo.fr ou profamaryjosephnoel@yahoo.fr
Port-au-Prince, Haïti, le e 30 mars 2008