mars 31, 2008

29 MARS 1987-29 MARS 2008, 21 ANS DE CONSTITUTION

Le juriste haitien ne partage ce point de vue, mais il est important de le publier afin de permettre à nos juristes de réagir sur les questions de droit qui divisent la nation toute entière. Bonne lecture.

Me MONDESIR Wesner
Longtemps déjà, beaucoup sont de ceux qui prennent position autour des articles 15 et 66 de la constitution, articles qui n'ont pas été épargnés de leurs cibles au point qu'ils parlent de « double nationalité et de maire unique ».L'amendement de ces deux (2) articles serait-il un profit pour le fonctionnement de l'Etat haïtien et pour la vie des citoyens en général? Y a t il donc nécessité d'adopter dans nos rangs « la double nationalité »et de réduire chaque conseil municipal à un maire unique?
L'objectif des constituants de 1987 était clair.
1) A travers l'article 15, ils ont voulu :
a) empêcher une opportunité à tout autre État rapace de piller le pays;
b) puis doter l'État haïtien de cet outil lui permettant de poursuivre sur demande formelle à l'endroit de tout autre gouvernement étranger, tout ressortissant d'Haïti qui aurait commis des forfaitures contre la nation dessalinienne et aurait pris refuge sur son territoire.
2) A travers l'article 66, ces mêmes constituants ont voulu empêcher à un maire unique, comme il est un fait habituel,de piller les biens et fonds publics d'investissement de sa commune.
Alors, aujourd'hui, on se demande que veulent faire avec ce pays,les citoyens qui auraient souhaité la double nationalité et le maire unique?

Nous nous demandons :
1) Si un Haïtien avait obtenu une nationalité étrangère, est-ce que le gouvernement haïtien peut solliciter à un homologue étranger de faire venir son ressortissant pour répondre de ses exactions commises contre la nation dessalinienne ?
2) Vouloir réduire chaque conseil municipal à un maire unique, n'y a t il pas là une volonté de donner liberté à un magistrat de piller les biens et fonds publics d'investissement de sa commune?

En novembre 2007, la nation haïtienne avait entendu la déclaration d'un personnage important dans la vie politique du pays, l'ex-président de l'Assemblée nationale, l'honorable sénateur Joseph Lambert, qui en parlait au cours de son passage aux USA dans le cadre de la promotion de cette affaire en vue de faire braquer les projecteurs sur la Constitution.
Messieurs, les Haïtiens nos frères...
Semblerait-il qu'il y a là « une volonté manifeste » du côté des autorités haïtiennes d'enclencher les procédures d'amendement des articles 15 et 66 de la constitution, et si cela serait ainsi, tout Haïtien et toute autorité qui auraient porté solidarité en vue de la matérialisation de cette initiative contribueront à :
1) Créer un « refuge légal »pour les dilapidateurs des fonds publics et livrer le pays à un pillage systématique.
2) Donner libre cours au phénomène de la corruption qui, jusqu'ici sans remède, gangrène nos institutions publiques et est le principal responsable de la faiblesse de l'Etat à ne pas pouvoir répondre à ses obligations sociales depuis plus de deux (2) siècles de son existence.
Haïtiens, Haïtiennes...

Semblerait-il que vous appreniez toujours pour oublier sans jamais réfléchir sur ce que nous vivions dans le temps,sur ce que nous vivons aujourd'hui et de formuler de meilleures approches pour corriger l'avenir :
Ti Nèg toujou ap vòlè leta
Kouri al kache nan peyi laba
Tout move zak rete san pouswit

Donc, pour nous autre :
1) Vouloir adopter la « double nationalité » C'est bien vouloir légaliser la corruption qui règne déjà en maître et permettre aux fonctionnaires malhonnêtes de continuer à piller l'Etat comme bon leur semble.
2) Vouloir réduire chaque conseil municipal à un maire unique, c'est bien vouloir porter atteinte grave aux intérêts de chaque citoyen dans la commune où il se trouve.

Haïtiens / Haïtiennes...
Mesdames et Messieurs...
Il est encore vrai que la société pour laquelle la constitution de 1987 était édifiée n'est plus donc celle d'aujourd'hui puisqu'elle a évolué, les populations des villes et des campagnes augmentent. De nouvelles obligations ont surgi et l'organisation de la société nécessite de nouvelles formulations de règles .
- Règles qui reflèteront notre identité de peuple.
- Règles qui apporteront un ordre nouveau à nos défauts et à nos comportements de vivre
- Règles qui protègeront les citoyens et faciliteront la mise en oeuvre d'un Etat fort capable de répondre à sa vocation sociale, et non des règles qui, en guise de protection et de bonheur pour le peuple haïtien, créeront des ennuis.

Certains articles de la constitution méritent vraiment d'être abrogés pour cause de leur inadaptation ce jourd'hui. Pourtant certains autres révèlent leur importance dans la gestion du corps social et dans le maintien de la survie de l'Etat.
C'est donc le cas des articles 15 et 66, et si leur amendement avait lieu comme certaines personnes l'ont souhaité, l'Etat haïtien n'existera que sous forme d'une « caricature d'Etat »qui ne se connaîtra pas par son nom, ni par les manifestations d'un Etat digne de son nom, mais un pays comme un département d'outre-mer d'une puissance étrangère quelconque. La lutte contre la corruption ne restera que sous forme d'une démonstration symbolique habituelle sans résultat, et la double nationalité ne servira rien à celui qui enaura bénéficié, sinon qu'un moyen pour dépouiller l'Etat haïtien par celui qui deviendra son fonctionnaire.
Enfin, nous voulons rappeler à tout le monde que l'Etat et le peuple haïtiens demeurent, les dirigeants ne sont que des passagers,et à toutes mauvaises mesures, c'est le peuple qui paiera les pots cassés.

A la lumière de ces réflexions citoyennes

Nous invitons toutes les autorités, la classe intellectuelle haïtienne, tous les hHïtiens en général, les parlementaires de la 48e législature en particulier à réfléchir sur les conséquences que pourra engendrer l'amendement des articles 15 et 66 de la constitution de 1987 sur le fonctionnement de l'Etat haïtien et nous demandons aux parlementaires conséquents de faire échec à tout projet de loi visant à la matérialisation de cette initiative.

Fait à Lachapelle, le 29 mars 2008
En 204e de notre indépendance

Me MONDESIR Wesner
Originaire de Lachapelle
Coordonnateur du regroupement politique « LESPWA »
Pour Commune de Lachapelle.
Coordonnateur du regroupement des organisations paysannes
De Lachapelle « ROPAL »
Depuis Lachapelle, Artibonite Haïti(W.I.)