février 22, 2007

LA SITUATION DES FEMMES POSTULANTES ET LA POLICE NATIONALE

Les rapports entre FEMMES POSTULANTES et HAUTS GRADÉS de la Police
>>Nationale d’Haïti.

Cyrus Sibert, Journaliste, Cap-Haïtien, Haïti.
>>
>> Des sujets qui culturellement sont banalisés, nous interpellent.
>>Comme disait notre professeur de technique d’expression française à la
>>faculté de droit : quand tu dois écrire un papier tu le sens. Le sujet
>>te tripote, comme un enfant qui doit sortir du ventre de sa mère.
>>
>> Les cas de dépression observés chez des jeunes femmes qui
>>postulent à la P.N.H. nous sensibilisent et nous portent à rendre
>>publique, une pratique coutumière en Haïti, mais inacceptable dans un
>>pays qui se veut démocratique.
>>
>> Cette situation de violation des droits de la femme dont nous
>>allons faire état, nous porte aussi à questionner l’utilité des
>>institutions comme le Ministère de la femme et à la condition féminine
>>et des organisations de femmes, comme FANM YO LA, qui se disent
>>préoccuper par les cas de violations de droits de la femme.
>>
>> En effet, elles sont nombreuses les femmes qui souhaitent
>>intégrer la
>> Police Nationale d’Haïti (P.N.H.). Comme tous les postulants de la
>>P.N.H., elles sont motivées par le désir de servir leur pays et
>>surtout de réussir leur vie et elles voient dans l’institution
>>policière un moyen sûr de promotion sociale. D’autant plus, le
>>récrutement est (supposé) fait sur une base méritoire : un casier
>>judiciaire sein, une bonne condition physique et une capacité
>>intellectuelle fixée par un programme d’admission.
>>
>> Mais, attention ! Comme nous venons de l’observer lors des
>>élections de l’année 2006, la barbarie est une seconde nature, les
>>vieux démons antidémocratiques refont surface de temps en temps. On
>>est souvent tenté par les vieilles habitudes – et qui sait si elles
>>sont vieilles. Les beaux discours et les résolutions d’organisations
>>de droits humains n’empêchent pas aux sexistes et machos haïtiens de
>>voir dans la profession des armes un espace exclusivement réservé aux hommes.
>>
>> D’après les témoignages de jeunes diplômés de l’académie de
>>police, la Police Nationale d’Haïti, l’unique institution pour
>>laquelle l’Etat haïtien ne reçoit pas de pressions du Fonds Monétaire
>>International
>>(F.M.I.) pour sa politique d’embauchement, est un milieu sauvage pour
>>les postulants et aspirants de sexe féminin.
>>
>> Tout d’abord, les jeunes femmes qui postulent et cheminent pour
>>être admises à l’académie de police sont perçues comme des utopistes.
>>On les conseille de trouver un support, une personne contact capable
>>d’influencer positivement leur dossier. Aussi, doivent-elles prendre
>>des mesures pour défendre leur dossier. Car, il peut être falsifié ou
>>déplacé dans le but de mettre ces jeunes femmes, souvent corpulentes,
>>en position de faiblesse et de les porter à accepter la prostitution
>>comme moyen de devenir officier de police. Entre le dispensaire de la
>>Police Nationale d’Haïti, le commissariat central de Port-au-prince «
>>anti-gang » et l’académie, il existe un véritable marché sexuel.
>>
>> Dans le langage courant sur la cour de l’académie et/ou du
>>commissariat central « anti-gang » de Port-au-prince, on peut entendre
>>le vocable populaire : ‘‘sivil pa bay chèf pwent’’ en français « une
>>policière ne saurait avoir qu’un policier comme partenaire sexuel ».
>>Ce vocable, pour dire aux postulants de sexe féminin de se conformer,
>>de négocier leur chair, en échange de protection sinon le rêve de
>>devenir policier ne deviendra pas une réalité.
>>
>> Il est courant et connu de tous qu’en Haïti, c’est difficile pour
>>une jeune femme d’obtenir avec dignité un poste. Et cela, même quand
>>cette dernière a les qualités et le niveau requis par l’employeur. La
>>précarité, la misère et le chômage créent une dure réalité qui oblige
>>les jeunes femmes à négocier : pour travailler, il faut coucher avec
>>le patron.
>>
>> La majorité des jeunes femmes sont l’objet d’harcèlement de la
>>part des hauts dignitaires de la police. Elles sont obligées de se
>>taire pour ne pas hypothéquer leur carrière au sein de l’institution.
>>Aussi, des policiers de grades inférieurs en profitent-ils. Ils
>>promettent toute sorte de faveur aux femmes sans défense qui ne
>>connaissent pas les rouages de l’institution.
>>
>> Même quand nos textes nuisent aux salariés de la MINUSTAH, nous
>>sommes obligés de questionner, encore une fois, le rôle de la mission
>>des Nations Unies dans cette situation. Les instructeurs étrangers
>>affectés au recrutement et à la formation de jeunes officiers de
>>police haïtiens sont-ils complices au point de ne pas dénoncer ces cas
>>d’abus et réclamer une correction de la situation ?
>>
>> Nous prenons l’habitude de responsabiliser la Mission de l’ONU en
>>Haïti conformément aux résolutions qui habilitent ses membres à agir
>>dans le pays afin que cette humiliation que nous connaissons
>>aujourd’hui puisse servir, irreversiblement, au renforcement des
>>institutions nationales et à l’Etat de droit et qu’elle soit la
>>dernière de note histoire de peuple intrépide, victorieux à Vertières et à Savannah.
>>
>> Dans le cadre de ce dossier, il est clairement stipulé dans la
>>résolution 1702 du Conseil de Sécurité que la MINUSTAH et le
>>gouvernement haïtien doivent s’occuper activement des problèmes liés
>>au sexisme et s’attaquer à la violence contre les femmes et les enfants.
>> Et nous citons : « Réaffirmant combien il importe, dans les
>>opérations de maintien de la paix et dans les activités de
>>consolidation de la paix au lendemain des conflits, de disposer de
>>compétences spécialisées sur les problèmes liés au sexisme, ainsi
>>qu'il est dit dans la résolution 1325 (2000), rappelant qu'il faut
>>s'attaquer à la violence contre les femmes et les enfants, et
>>engageant la MINUSTAH ainsi que le gouvernement haïtien à s'occuper activement de ces questions, »
>> Point 15 : « Réaffirme le mandat de la MINUSTAH en matière de
>>Droits de l'Homme, et exhorte les autorités haïtiennes à opérer une
>>réforme d'ensemble touchant tous les aspects de l'Etat de droit et à
>>promouvoir et sauvegarder les Droits de l'Homme et les libertés
>>fondamentales ; »
>>
>> En nationaux, nos questions vont spécialement sur l’utilité du
>>Ministère de la Femme et de la Condition féminine, le rôle des
>>organisations de femmes qui ne ratent aucune occasion pour scander sur
>>la place publique la résolution de Beijing, Pékin (Chine)* et le
>>travail des organisations de défense des droits humains.
>>
>> On consomme des fonds, on voyage, on parle tout le temps à la
>>radio et Haïti continue d’être une terre de souffrance et
>>d’humiliation pour ses fils et ses filles. A quand des actions
>>concrètes pour la résolution des problèmes aux noms desquels vous
>>existez ? C’est triste de constater que dans notre pays, Haïti, en
>>toute chose, il y a toujours un rapport de maître à esclave.
>>
>>Cyrus Sibert
>>Cap-Haïtien, Haïti
>>23 janvier 2007.
reseaucitadelle@yahoo.fr

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