avril 27, 2007

LE BILAN DE L'ACTUALITÉ JUDICIAIRE DE LA SEMAINE

< Décès tragique du magistrat Hugues St Pierre
(extrait du Nouvelliste du 24 avril 2007)

L'arrêt définitif de la Cour d'appel des Gonaïves sur le procès du massacre de La Scierie n'est pas pour demain. Le président de ladite cour a été tué dans un accident.


Hugues Saint-Pierre, président de la Cour d'appel des Gonaïves, est mort, hier soir, dans un accident de la circulation à Port-au-Prince. Juriste, évangéliste et professeur à l'École de Droit et des Sciences économiques des Gonaïves, Me Saint-Pierre n'aura pas eu le temps de rendre l'arrêt définitif de l'instruction du massacre présumé de plusieurs partisans de l'opposition à La Scierie -quartier de Saint-Marc-, peu avant la démission et le départ pour l'exil de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide en février 2004.Hugues Saint-Pierre, 75 ans, aurait fait une chute en montant à bord d'un véhicule de transport en commun qui a démarré à la va-vite dans un quartier de Delmas, le soir même de son arrivée à Port-au-Prince.

Le président de la Cour d'appel de la principale ville du département de l'Artibonite, selon Dieufort Jean-Charles qui intervenait sur les ondes de Mélodie FM, a été invité à participer à une importante réunion dans la capitale haïtienne. L'arrêt définitif de l'instruction du « Massacre de la Scierie », dit-il, devrait être à l'ordre du jour de cette réunion convoquée par les autorités judiciaires. Depuis un an, les avocats de plusieurs inculpés dans le dossier du massacre dit de « La Scierie » avaient interjeté appel. Un procès a été intenté par des parents de victimes contre des officiels de l'ancien régime dont l'ex Premier ministre Yvon Neptune et Amanus Mayette, député de la 47e législature contestée.

Des audiences publiques tenues en mai 2006 ont abouti à la libération de Jocelerme Privert, ancien ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales. Une cinquantaine de personnes, selon le Réseau national des droits de l'Homme (RNDDH), ont été tuées dans une manifestation organisée par l'opposition à Saint-Marc, deux semaines avant la chute de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide. La mort tragique du président de la Cour d'appel des Gonaïves, juriste et éducateur plein de mérite, toujours en costume-cravate, jette la ville dans la consternation. « Maître Hugues Saint Pierre représentait l'un des derniers remparts sinon le dernier rempart de l'intégrité dans la distribution de la justice aux Gonaïves », déclare Jean Robert Constant, considéré comme l'historien de la ville endeuillée.

Né en 1932, Hugues Saint-Pierre qui dirigeait une importante église a fait son entrée en 1971, dans la Magistrature haïtienne comme substitut du Commissaire de Gouvernement. Une fonction qu'il a occupée jusqu'en 1974. A cette période, se rappelle l'écrivain Constant sans fouiller trop fond dans sa mémoire, Hugues Saint-Pierre a eu à prendre une position courageuse contre l'arrestation de Me Robert Auguste, alors que ce dernier exerçait la fonction de Commissaire du Gouvernement aux Gonaïves. Il a été mis à pied pour être nommé en 1977, juge d'instruction. Marié et père de trois enfants, Hugues Saint Pierre a été professeur et directeur de l'École de Droit des Gonaïves. Il a été tour à tour substitut à la Cour d'Appel, Commissaire du gouvernement et Doyen du Tribunal civil des Gonaïves. Cet éminent juriste, se rappelle encore Jean Robert Constant, à été écarté de la Magistrature lors du Procès du Massacre de Raboteau organisée entre septembre et novembre 2000. Doyen du Tribunal civil, il a été remplacé par Me Napela Saintil qui a dirigé le procès. Un an après, Me Saint Pierre a été nommé président de la Cour d'appel des Gonaïves. Il laisse derrière lui, une ville en consternation, mais aussi un brûlant dossier ouvert. Celui du « Massacre de la Scierie »!

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