avril 05, 2007

SEPT ANS APRÈS L'ASSASSINAT DE JEAN L. DOMINIQUE, LE DOSSIER PIÉTINE...

Texte extrait du Quotidien le Nouvelliste

SEPT ANS APRÈS, LE DOSSIER PIÉTINE ...

Sept ans après le double assassinat de Jean Léopold Dominique et de Jean-Claude Louissaint, la justice haïtienne est toujours incapable de juger et punir les coupables. Déplorant cette situation, le chef de l'Etat haïtien, René Préval, promet de faire de son mieux afin de faire jaillir la lumière sur ce crime ordieux.

Visage crispé, la voix tremblante, le chef de l'Etat haïtien, René Préval, a pris, mardi, le ferme engagement de rendre justice à son ami et conseiller Jean Léopold Dominique, assassiné le 3 avril 2000 dans la cour même de radio Haïti-Inter, sa station située à Delmas. « Pendant 10 mois, mon gouvernement avec l'aide de Claudy Gassant avait lutté en vain pour rendre justice à mon ami Jean et à Jean-Claude Louissaint, gardien de radio Haïti, abattu le même jour », a avoué René Préval lors d'une cérémonie organisée à la mémoire des victimes par SOS Journaliste dans ses locaux à Canapé-Vert.

« En janvier 2001, dans mon discours d'adieu, j'avais présenté la justice comme le domaine où mon gouvernement avait échoué, car je n'ai pas pu arriver jusqu'au bout dans l'affaire Jean Dominique, a regretté le chef de l'Etat devant un public composé des membres du pouvoir judiciaire, des responsables de la PNH et des membres de la presse. Des obstacles politiques avaient malheureusement empêché l'aboutissement de l'enquête. »

En dépit des contraintes liées à l'enquête sur le double assassinat du 3 avril 2000, le président René Préval a promis de travailler, dans sa sphère d'action, parallèlement avec les autorités judiciaires, en vue de faire appréhender les auteurs intellectuels et les exécutants de ce crime odieux. « Les obstacles politiques ne sont plus, mais la volonté politique pour faire avancer l'enquête reste intacte », a-t-il indiqué tout en cherchant à nier toute responsabilité de sa première administration dans ce double assassinat. Je sais qu'il ne sera pas facile de rendre justice à Jean Dominique, mais nous allons travailler pour faire aboutir le processus. »

Gassant toujours déterminé

Pour sa part, Claudy Gassant, l'actuel commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, également premier juge d'instruction à avoir travaillé sur ce dossier, n'a pas caché sa déception face au piétinement de l'enquête. « Je suis dans une situation difficile, a-t-il lancé. Je vois qu'il y a une attente et un ras-le-bol. »

Chargé d'instruire l'affaire Jean Dominique, Claudy Gassant avait dû prendre l'exil en janvier 2002 aux Etats-Unis en raison des nombreuses menaces dont il faisait l'objet. Cinq ans après, le commissaire du gouvernement est toujours animé de la volonté de faire jaillir la lumière sur les assassinats du 3 avril 2000. « Je suis parti en exil, je reviens, le dossier continue de piétiner, a regretté l'ancien juge d'instruction. Je vous donne la garantie que je vais prendre ma responsabilité dans ce dossier. »

Le président a.i de la Cour de cassation, Me Georges Moïse, a dénoncé lui aussi l'impunité dont bénéficient les assassins du journaliste et de son employé. « Pourquoi cette impunité ? La justice est-elle la seule responsable ? La police a-t-elle fait son travail ? », s'est interrogé l'homme de loi.

Le président du Sénat, Joseph Lambert, le secrétaire général du CARLI, Me Renand Hédouville, la présidente de l'Association nationale des Médias haïtiens (ANMH), Anne-Marie Issa, le secrétaire exécutif provisoire de l'Association des Journalistes haïtiens (AJH), Eddy Jackson Alexis, le secrétaire général de SOS Journaliste, Guyler C. Delva, ont tour à tour réclame justice pour Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint. Un message du représentant du Secrétaire général de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, a été lu en la circonstance par un agent de la MINUSTAH, Géraldo Lechevalier.

Fritzner Fils-Aimé est le dernier juge d'instruction désigné pour instruire le dossier de l'assassinat de Jean Léopold Dominique et de Jean-Claude Louissaint. Avant lui, six autres ont tenté en vain de voir le bout du tunnel. L'ordonnance rendue le 21 mars 2003 par le juge Bernard Saint-Vil avait abouti à l'inculpation et à l'incarcération de six individus : Dymsley Milien dit "Ti Lou", Jeudi Jean-Daniel dit "Guimy", Philippe Markington, Ralph Léger, Freud Junior Desmarattes et Ralph Joseph.
Le 14 mars 2004, Harold Sévère, ancien maire-adjoint de Port-au-Prince, et Ostide Pétion, alias "Douze", ont été arrêtés comme commanditaires présumés de l'assassinat.

Aucun des inculpés ou suspects dans le double meurtre du 3 avril 2000 n'est aujourd'hui sous le contrôle des forces de l'ordre. « Certains ont été tués de façon mystérieuse. Tandis que d'autres sont en cavale », a déploré Pierre Espérance du Réseau national de Défense des Droits humains.


Jean Pharès Jérôme
Victor Jean Junior

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