mai 27, 2007

Haïti veut solliciter son adhésion à la Convention de Carthagène

Haïti veut adhérer à la Convention de Carthagène

Par Jean Pharès Jérôme

Notre pays manifeste le désir de rejoindre les États de la Caraïbe signataires de la Convention de Carthagène adoptée en 1983 dans la ville colombienne du même nom. Les représentants de différents secteurs impliqués dans le processus ont participé lundi, à l'hôtel Montana, à un atelier national organisé par le ministère de l'Environnement.


Le pays n'a pas encore signé ni ratifié la Convention de Carthagène visant la protection et la mise en valeur du milieu marin dans la région de la Caraïbe, pourtant adoptée il y a près de 25 ans. Ladite convention est jusqu'ici la seule qui traite de la coopération régionale concernant l'environnement qui protège les écosystèmes marins et côtiers. Elle fait partie d'un dispositif mondial visant à protéger toutes les mers régionales de la planète et constitue la base du Programme marin de la Grande Caraïbe (PEC).

Trois protocoles se rattachent à la Convention de Carthagène. Celui sur les hydrocarbures adopté en octobre 1983, celui sur les zones et la vie sauvages spécialement protégées signé en janvier 1990 et celui portant sur la pollution marine liée aux activités terrestres, appelé en anglais Land Base Sources (LBS) et signé en 1999. Un pays adhère à la convention en ratifiant l'un de ces trois protocoles. Une décision déjà prise par la majorité des pays de la région. Les quelques dizaines de personnes qui ont participé à l'atelier national consacré à la Convention de Carthagène, organisé lundi à l'hôtel Montana, ont traité uniquement du protocole LBS.

Prévenir, réduire et combattre la pollution marine

Celui-ci fait obligation aux États d'adopter toutes les dispositions afin de prévenir, réduire et combattre la pollution marine provoquée par des sources et des activités terrestres. « Eaux usées domestiques, sources agricoles diffuses, industries chimiques, industries extractives et minières, industries alimentaires, production de boissons alcoolisées et de boissons gazeuses, raffineries de pétrole, moulins à papier et de pâtes à papier, sucreries et distilleries et élevage intensif », sont les principales sources de pollution qui, selon le protocole, méritent une attention prioritaire.

Toutes les activités dégageant des substances et éléments polluants doivent être aussi prises en considération par les États de la Caraïbe qui ont adhéré à la Convention de Carthagène. Au nombre des substances présentant des caractéristiques dangereuses ou nocives, le protocole cite : « les métaux lourds et leurs composés, le pétrole brut et les hydrocarbures, les huiles de vidange, les biocides et leurs dérivés, les substances radioactives... »


Pour obtenir les résultats escomptés, les pays signataires, en tenant compte de leur situation sociale, économique et environnementale particulière, sont invités à élaborer des programmes, des plans et des mesures régionaux et sous-régionaux pour empêcher la pollution de leurs eaux territoriales.

Beaucoup à gagner, rien à perdre

« 70% des villes de la région caraïbe se trouvent dans des zones côtières. 40% des populations de la région ont accès à 10% des ressources aquatiques. 30% des récifs coraux sont menacés. La pollution de l'air est responsable de 2,3 millions de cas de maladies annuellement. » Tels sont les principaux faits avancés par le Dr Antonio Villalos Fientez, directeur du Centre d'ingénierie et de gestion des Baies et des Côtes à Cuba, pour expliquer la raison d'être du protocole portant sur la pollution marine liée aux activités terrestres.

L'adhésion au protocole exige des États qu'ils mettent en place des mesures appropriées, concernant la prévention, la réduction et le contrôle de la contamination provenant des eaux domestiques résiduelles, des sources industrielles et non ponctuelles de contamination. L'expert cubain estime que le protocole LBS est une opportunité pour les pays de la Caraïbe de développer une stratégie commune afin de mieux faire face aux problèmes environnementaux.

« Alerte à propos de la pollution marine de sources terrestres, formation de ressources humaines, financement de projets et de programmes, transfert de technologie », sont quelques-uns des avantages, explique le Dr Antonio Villalos Fientez, que les pays peuvent tirer dans la lutte concertée contre la pollution marine.

L'atelier national de promotion et d'évaluation du Protocole de la Convention de Carthagène sur la pollution marine due à des sources terrestres dans la région de la Caraïbe a été organisé par le ministère de l'Environnement de concert avec Panos Caraïbes. Il avait pour objectif d'étudier les possibilités à tirer par Haïti au cas où il adhérerait à ladite convention.

Des représentants du ministère de l'Environnement, du Service maritime et de navigation d'Haïti (SEMANAH), de la Police nationale d'Haïti (PNH) et d'autres secteurs concernés par le problème de la pollution marine en Haïti étaient présents. Une deuxième journée de discussion a eu lieu mardi avec des experts.

A travers ces discussions, le ministère de l'Environnement entend trouver une idée directrice afin de mettre en place une stratégie à long terme fondée sur les écosystèmes. Une stratégie qui devrait être prochainement l'objet de discussions avec les autorités de la République dominicaine dans le cadre d'un plan bilatéral sur la pollution marine.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
(Panos Caraïbes)

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