août 31, 2007

INSTITUT SUPÉRIEUR D'ÉTUDES ET DE RECHERCHES EN SCIENCES SOCIALES (ISERSS)

ISERSS ci-devant IERAH : le pari de l'UEH

Le rectorat de l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) a des idées à profusion. Pour que son bilan prenne un certain poids, il a misé sur la solution de la crise de l'Institut d'Etudes et de Recherches Africaines (IERA), transformé en ISERSS (Institut Supérieur d'Etudes et de Recherches en Sciences Sociales). Histoire, Géographie, Histoire de l'Art, Sciences Politiques, Archéologie, Tourisme, Patrimoine et Philosophie : autant de départements mis en place pour mieux exploiter la renommée de cette nouvelle structure universitaire. Mais la partie est loin d'être gagnée. Car le budget nécessaire à la réalisation de ce projet est encore dans l'impasse...


«Le choix du programme d'études a été fait à partir d'une analyse ayant indiqué que ces domaines n'étaient pas en duplication avec ce qui était déjà offert par l'UEH», explique le président de la Commission de Restructuration de l'IERA, Dr Michel Philippe Lerebours lors d'un entretien avec le journal. Il admet toutefois qu'il y a des cours de géographie, d'histoire, de Sciences Politiques et de Philosophie dispensés à l'UEH à travers différentes facultés, mais les préoccupations sont autres dans le cadre de ce programme. «La géographie économique, les sciences politiques sont exigées à l'institut National de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI). Au niveau de l'Ecole Nationale des Arts (ENARTS), ce sont des cours de formation de base que l'on offre à ceux qui apprennent la pratique de l'art, tandis qu'à l'École Normale Supérieure (ENS), les diplômés sont formés pour enseigner au niveau secondaire les matières apprises comme l'histoire, la philosophie, la géographie», fait remarquer Dr Lerebours qui se propose à l'ISERSS de former des géographes, des historiens, bref un nouveau type d'individus que l'UEH n'a pas encore formés.

Un cursus bien articulé

Un groupe de nouveaux professeurs intervient, avec un profil académique approprié et une compétence reconnue, pour appliquer ce programme basé sur une approche méthodologique impliquant des travaux sur le terrain et des cours sur place, de sorte que les travaux de mémoire soumis par les étudiants soient basés sur des situations concrètes. « Actuellement, la première année constitue un tronc commun à tous les départements. Et le premier semestre est pratiquement à sa fin », indique Dr Lerebours qui annonce la tenue des examens au début du mois de septembre.

Pour sa part, le vice-président de la Commission de Restructuration de l'IERAH/ ISERSS, le professeur Hervé Sylvain souligne que ce programme est basé sur un système de crédits; et il faut à peu près 120 crédits pour l'obtention d'une licence.

« Les cours de concentration seront dispensés dans les 2e, 3e et 4e années et c'est au début de sa deuxième année que l'étudiant est habilité à s'inscrire à l'un des départements », fait savoir M. Sylvain en vantant le mérite du cursus articulé selon une approche méthodologique qui permette la préparation des mémoires qui a toujours constitué un goulot d'étranglement à l'obtention de la licence.

« A l'ISERSS, l'étudiant termine normalement son mémoire à la fin de la 4e année, grâce à la mise en place d'un système d'encadrement formé de professeurs à temps plein, de tuteurs et autres », assure M. Sylvain en faisant état des cours de rattrapage et de mise à jour organisés en vue d'améliorer le niveau des étudiants.

« Mais les profs qui dispensent ces cours depuis plusieurs mois n'ont jamais reçu de salaire. Et cela n'empêche nullement qu'ils se sont toujours présentés à leur travail », apprécie le numéro 2 de la Commission qui voit l'urgence d'aborder la question budgétaire relative au fonctionnement de l'ISERSS.

Une faculté moderne

Installé au début du mois d'août 2006, avec Michel Philippe Lerebours, (président), Hervé Sylvain (vice-président), Franck Ricot et Lucien Jean-Bernard (membres), tous deux anciens doyen et vice-doyen de l'IERA, le nouveau conseil intérimaire n'a trouvé pratiquement aucun moyen en dehors du reliquat des frais d'inscription des étudiants pour faire marcher l'Institution à en croire le numéro 2 du Conseil qui a raison de s'inquiéter de l'avenir du projet de restructuration de l'IERA, devenu ISERSS, au seuil de la rentrée universitaire 2007-2008.

Hervé Sylvain qui n'a pu être en reste quant à la vision du Conseil par rapport à l'ISERSS, dit avoir introduit dans le cursus des cours de langues (français et créole) obligatoires, car les mémoires peuvent être rédigés dans l'une ou l'autre langue. Un petit laboratoire informatique a également été mis en place en vue d'initier les étudiants aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

« Nous voulons faire de l'ISERSS une structure universitaire moderne, cohérente avec des programmes répondant aux exigences des universités internationales», s'enthousiasme M. Sylvain plutôt inquiet des considérations faites par rapport au nouveau budget de l'ISERSS qui est encore dans l'impasse.

Budget qui est passé de 9.500.000.00 (neuf millions cinq cent mille) gourdes en 2006-2007 à 23.000.000.00 (vingt-trois millions) de gourdes pour l'année 2007-2008. « La nouvelle dynamique à l'ISERSS risque d'être en péril si, au niveau du nouveau budget de fonctionnement, nous n'obtenons pas satisfaction », juge Hervé Sylvain qui s'est dit très motivé pour son travail même si les membres de la commission n' ont pas été rémunérés depuis trois (3) mois.

L'IERAH, à l'origine...

Créé en 1980, suite à une visite en Haïti du président sénégalais Léopold Sédar Senghor en 1976, l'IERA visait à mettre en place un institut appelé à tisser des liens avec des pays du continent africain. L'idée était de développer des recherches sur les Haïtiens en général et ceux descendant d'Afrique en particulier.

« Le sujet des recherches africaines n'est pas une discipline scientifique, mais un domaine de recherche », reconnait le vice-président du conseil de restructuration de l'IERA, déterminé à engager l'institution sur la voie de la formation. Le diplômé de l'IERAH obtenait un certificat de fin d'études africaines après 4 ans.

Mais une fois son mémoire présenté, il décrochait une licence. « Mais, compte tenu du fait qu'il n'y a pas de débouchés réels immédiats pour les diplômés et, conscients que la formation ne répondait pas à un besoin spécifique du milieu: formation sur laquelle il a été soulevé tellement de questions, étant donné qu'on ne peut former des chercheurs en quatre ans, des étudiants ont pris position et sollicité une prise en charge de l'institution.

« Finalement, en 2006-2007, le rectorat a mis en place un groupe de réflexions pour étudier les problèmes et formuler des recommandations », fait remarquer M. Sylvain, tout heureux de souligner que c'est sur la base de ces recommandations qu'a été conçu le programme. En fonction des nouvelles orientations.

Pour une grande faculté des Sciences sociales et humaines

« Les termes de référence de la Commission de Rénovation ont proposé l'application du décret de 1984 qui prévoit une fusion des Facultés de linguistique, des Sciences humaines, d'Ethnologie et de l'IERA en perspective de la création d'une grande faculté des Sciences Sociales et Humaines », précise le vice-recteur aux affaires académiques, Wilson Laleau, dont les idées réformistes au sujet de l'UEH, la vision d'un enseignement supérieur rénové et restructuré exhalent un parfum d'ambiance.

Après l'INAGHEI, l'ISERSS est le miroir des actions concrètes du rectorat de l'UEH - qui ne plaide que par ce projet. Pour saisir les occasions manquées de la réforme des structures publiques de l'université, il faut prendre son temps pour écouter M. Laleau qui ne manque point d'idées généreuses portant sur l'avenir de l'UEH.

«Depuis des années, nous essayons de monter un bureau du Registraire permettant de discipliner le fonctionnement actuel de l'UEH », fait valoir M. Laleau qui reconnait le peu de cas que l'Etat fait de l'enseignement supérieur en Haïti.

« Pour l'instant, l'UEH, c'est une fiction » murmure avec amertume le vice-recteur aux affaires académiques qui s'étonne du sort fait au budget de fonctionnement et d'investissement de l'ISERSS logé provisoirement au local du Collège Métropolitain en attendant la fin des travaux du nouvel immeuble à l'Avenue Christophe.

« Je crois possible le service social généralisé pour tous les étudiants à l'UEH », avance Wilson Laleau qui répondait à une question relative à une éventuelle implication de l'UEH dans la recherche d'une solution au problème d'analphabétisme en Haïti. Idée qu'il n'a cessé de défendre et à laquelle le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) adhère volontiers.


Robenson Bernard

Aucun commentaire: