juin 29, 2007

LA SITUATION DES CENTRES PENITENTIAIRES HAITIENS

L'état lamentable des prisons préoccupe la CIDH

Après le cri d'alarme lancé la semaine dernière à Genève par Louis Joinet devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU sur la situation des prisons haïtiennes, c'est le tour de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) d'emboîter le pas. Au terme d'une visite de 72 heures dans le pays, le président de la CIDH et rapporteur sur les droits des personnes privées de liberté dans les Amériques, le Commissaire Florentín Meléndez, se dit alarmé de constater les conditions exécrables dans lesquelles sont incarcérés les citoyens haïtiens.

La détention préventive prolongée constitue, selon le président de la CIDH, le noeud du problème. D'après les dernières données publiées par la Direction de l'Administration pénitentiaire, au mois de juin 2007, 84% de la population carcérale haïtienne n'a été ni jugée, ni accusée formellement. Dans les cas observés par la Commission à Port-au-Prince, le pourcentage de personnes sans condamnation est de 98% pour les enfants détenus dans la prison des mineurs à Delmas, 95% pour les femmes détenues dans la prison de Pétion-Ville, et 96% pour le Pénitencier national.

Durant cette visite effectuée du 17 au 20 juin 2007, le rapporteur de la CIDH a aussi observé la précarité absolue des conditions sanitaires et de logement, le manque d'accès à l'eau potable et à une assistance médicale et l'état de détérioration des installations des prisons haïtiennes.

Dans certains centres de détention comme au commissariat de Police de Delmas, le responsable de la CIDH dit noter que femmes, hommes et enfants partagent les cellules, sans eau, nourriture ou tout autre service de base. « Bien que les cellules de ce Commissariat soient conçues pour contenir des individus pour une période constitutionnelle de 48 heures, certaines des ces personnes détenues sont dans ces conditions depuis plusieurs semaines, sans avoir été emmenées devant un juge et sans connaître les accusations qui sont portées contre elles », a-t-il dénoncé. La situation est loin d'être meilleure au Pénitencier national où une surpopulation carcérale sans précédent a été observée.

Au centre de détention de Delmas, la délégation a observé la présence d'enfants en bas âge, de 6 ans et plus, détenus en prison. A ce sujet, la commission demande au gouvernement haïtien de placer les enfants en conflit avec la loi dans des centres de réhabilitation aux soins de personnes spécialisées plutôt que dans des établissements carcéraux.

Le rapporteur Florentín Meléndez de la CIDH a rencontré, lors de son séjour dans le pays, le ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères et des cultes, le directeur et les fonctionnaires du Département de l'Administration pénitentiaire, le chef de la section des Droits humains de la MINUSTAH, les représentants du Comité international de la Croix-Rouge et des organisations internationales, et les membres de la société civile haïtienne qui travaillent sur les sujets relatifs aux personnes privées de liberté, à la migration et à la traite de personnes.

Aucun commentaire: