mai 14, 2007

RENÉ PRÉVAL SE VANTE DE LA STABILISATION DU PAYS APRÈS UN AN AU POUVOIR

UN AN DE POUVOIR / Préval se vante d’avoir stabilisé politiquement le pays
Par Marc-Kenson Joseph
jmarckenson@lematinhaiti.com

Le président René Préval au salon diplomatique de l'aéroport imternational, ce dimanche.

A ceux qui se demandent pourquoi, un an après, le bilan du gouvernement Préval /Alexis est-il aussi lourd d’attentes non comblées, le président Préval répond : « Il était question d’apprentissage ». À l’aube de la deuxième année de son second mandat présidentiel, René Préval se donne pour tâche de lutter contre la corruption, la contrebande et le trafic de la drogue.

Le président René Préval a dressé le bilan de sa visite et celui de la première année de son gouvernement, hier dimanche, à son retour de Belize, où il a participé au deuxième sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays du Marché commun caraïbéen (Caricom) et du système d’intégration centraméricaine (SICA). Avant de se rendre au sommet, il a été reçu à la Maison Blanche par son homologue George W. Bush, le mardi 8 mai, au terme d’une visite de quatre jours.
Le président Bush avait accueilli le chef de l’État au Bureau Ovale, où les discussions se sont portées sur la stabilité politique, la sécurité, l’économie haïtienne et l’aide des États-Unis (voir Le Matin 32775). Le président américain s’est félicité des progrès réalisés, depuis décembre 2006, en matière de sécurité et a renouvelé l’appui de Washington à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
Au sommet de Bélize, les questions de la situation politique et économique dans le sous-continent, des perspectives de signature d’un accord de libre-échange, du développement de liaisons aériennes entre les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes et d’un plan d’intervention contre les désastres naturels, sont, entre autres, des points qui ont été débattus. Les chefs d’État et de gouvernement ont décidé de rendre hommage au Parlement haïtien à l’occasion de son bicentenaire. Ainsi, l’Assemblée générale des parlementaires de la Caricom, et celle des États de la Caraïbe se tiendront en Haïti. Dans l’objectif de resserrer les liens entre les pays de la Caricom et les États-Unis, une importante rencontre se tiendra à Washington prochainement. L’immigration est un autre thème. D’ailleurs depuis janvier, neuf cent neuf (909) Haïtiens ont été interceptés sur mer dans des embarcations de fortune ; sept cent quatre (704) d’entre eux, seulement en avril. Presque autant de « boatpeople » ont été recensés l’année dernière.
Pour pallier cette situation, le président Préval rappelle que deux propositions sont sur le tapis : le Temporary protected status (TPS) – un statut provisoire – et une loi devant permettre aux personnes illégales d’avoir un statut permanent. Le TPS fait couler beaucoup d’encre aux États-Unis. C’est une mesure d’une durée de 18 mois et qui s’applique exclusivement aux résidents illégaux. Récemment, la Maison blanche a accordé le TPS à environ 200 000 immigrés salvadoriens, 75 000 honduriens et 5 000 nicaraguayens. M. Préval se montre optimiste quant à une décision positive de Washington.

14 mai 2006-14 mai 2007 : un an depuis la reprise du pouvoir
Un an après la prise de pouvoir, le gouvernement Préval/Alexis avance à tâtons. « Nous devons établir une stratégie qui nous permettra de nous donner les moyens pour arriver au but visé », soutient Préval, rappelant les deux objectifs qu’il s’était fixés lors de sa campagne présidentielle : mettre en place les institutions non-existantes, renforcer celles existantes et créer des conditions pour l’investissement privé. Pour cela, il fallait œuvrer pour l’établissement d’un climat propice. D’où, « la stabilité politique. L’ensemble des partis politiques y prend part. Au Parlement, également, on observe une certaine harmonie ; quoique les choses ne soient pas toujours au beau fixe », explique le chef de l’État.
Cette année a apporté la stabilité politique, la sécurité et la performance macro-économique. « Nous avons fait un grand pas au niveau du démantèlement des gangs » et la Police nationale en est pour quelque chose. D’autre part, « de 46 % l’inflation est passée à 8,5 %. Un indicateur à prendre en compte », selon le président.
Pour la deuxième année, le gouvernement Préval/Alexis se propose de renforcer la stabilité par la formation des maires, des Casecs, des Asecs, afin que ces derniers puissent mieux gérer leurs circonscriptions. Autre point essentiel pour la durée de ce climat sécuritaire, « des offensives tous azimuts contre le trafic de la drogue, source d’instabilité et d’insécurité ». À l’origine d’un sommet régional antidrogue qui s’est tenu en mars à Santo Domingo, M. Préval a souligné que les narcotrafiquants représentent « une puissance contre laquelle, seule, Haïti est impuissante. Il faut tenir compte également de la production, du transport et de la consommation de la drogue ».
La corruption devra être bannie. Pour ce faire, le chef de l’État estime nécessaire « le renforcement de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) ». D’autres institutions publiques devront apporter leur soutien dans cette lutte aux fins « d’augmenter les recettes fiscales de l’État », annonce M. Préval. Il a, par ailleurs, jugé important de penser à une meilleure réglementation du commerce maritime entre les États-Unis et Haïti pour, non seulement, combattre la contrebande et accroître l’assiette fiscale nationale.

Les révélations de Préval
Sans citer de nom, le président Préval a révélé que « certains des ministres sont à leurs premières expériences dans l’administration publique. Ce qui requiert un temps d’adaptation ». « Par exemple, explique M. Préval, quand un ministère a une réquisition pour une dépense quelconque, ce ministère doit d’abord la soumettre au ministère de la Planification. Admettons que le ministère de la Planification déclare la réquisition incorrecte. Il faut qu’elle retourne au ministère concerné pour être modifiée, puis soumise au ministère des Finances, à la Commission nationale de passation des marchés et enfin parvenir au Conseil supérieur du contentieux administratif ».
Si des erreurs s’observent au niveau de l’une des étapes, la réquisition devra être retournée au ministère concerné. « Cette situation nous a empêché de faire des dépenses prévues au budget », souligne René Préval, qualifiant cette première année « de récupération, de stabilisation, de travail en commun où des objectifs ont été fixés : stabilité politique, sécurité et la stabilisation macro-économique ».
Si l’on se réfère aux non-dits du président de la République, des changements pourraient s’effectuer dans un temps pas trop lointain dans l’administration publique. Entre-temps, le chef d’État réclame un peu de patience pour que « la machine [prenne] son envol comme il le faut, à la vitesse recommandée ».
lundi 14 mai 2007

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