mars 19, 2010

FAISONS L'ÉDUCATION DE LA POPULATION EN MATIÈRE DE DROIT DES ASSURANCES

Pour ne pas se faire avoir par sa compagnie d'assurance

Par : Cyprien L. Gary, extrait du Quotidien Le nouvelliste, version électronique...


La complexité des procédures pour obtenir et jouir d'une police d'assurance rend sceptiques les candidats à l'assurance qui, ignorance oblige, ne profitent pas au maximum des bénéfices d'une police d'assurance. Cette situation a occasionné, vers le milieu du 20e siècle, l'émergence d'une nouvelle profession, les ajusteurs publics dont la mission consiste à accompagner et représenter les assurés auprès des compagnies d'assurance internationales. Présent en Haïti après la catastrophe du 12 janvier, Matt Martinez, ajusteur public travaillant pour l'agence « Adjusters International », nous présente la profession et son parcours.



Haïti: Quand on a tout perdu, il reste les assurances. Dans un monde constamment menacé par des catastrophes naturelles et les accidents, les services d'assurance sont les derniers recours des propriétaires ou entrepreneurs voulant se mettre à l'abri de l'infortune. Haïti, terre à haut risque de catastrophes naturelles et autres, est pourtant un pays où le pourcentage d'entreprises et de biens assurés est proche du négligeable.

Le manque d'informations des assurés à propos des clauses de contrats passés entre ces derniers et leur compagnie d'assurance empêche les assurés de tirer le maximum de leur police d'assurance. Car, ne maîtrisant pas les spécificités et les clauses d'une police, les assurés ne savent pas trop ce qu'ils doivent réclamer de leurs assureurs. C'est à ce carrefour que la présence d'un ajusteur public devient obligatoire, estime Matt Martinez, ajusteur public travaillant à « Adjusters International », en visite en Haïti après la catastrophe du 12 janvier.

Qu'est-ce qu'un ajusteur?

De même que les compagnies d'assurance ont des agents pour les représenter, les assurés ont des ajusteurs qui les représentent face aux compagnies d'assurance. Les réclamations auprès des assurances sont complexes, explique Matt Martinez. De la lecture de la police d'assurance à sa compréhension, jusqu'au processus de réclamation des primes, l'ajusteur public accompagne et parfois même se met à la place de l'assuré pour l'aider à analyser la police, documenter les dégâts et présenter des réclamations dans un format conforme aux normes de l'assurance.

Cela permet d'accélérer le processus et de récupérer le plus possible de la prime d'assurance, vu que les deux parties (l'assurance et l'assuré) ont leurs représentants respectifs qui parlent le même langage et partagent des connaissances communes dans le domaine de l'assurance.

En d'autres termes, les ajusteurs sont là pour aider les clients des assurances à analyser la police elle-même, à consulter leur contrat d'assurance et tout autre document y relatif, les aider à déterminer les niveaux de perte et le montant maximal qu'ils peuvent récupérer de la part des assureurs.

« Ils ont l'expérience et le savoir-faire d'autant plus nécessaire que les assurés ne sont généralement pas bien informés du contenu des clauses d'un contrat d'assurance. Ce qui les empêche de bénéficier au maximum de leur police », précise Matt Martionez.

Ainsi, avec la présence d'un ajusteur, le client peut discuter d'égal à égal avec sa compagnie d'assurance. Ils sont là pour faire l'équilibre entre les deux parties. Ce n'est pas à l'assurance qu'il revient de documenter les pertes du client. Ce travail revient à l'ajusteur qui, aidé du propriétaire de la pôlice d'assurance, prépare des documents solides et convaincants permettant d'avoir une meilleure présentation des pertes afin de pouvoir, dans la mesure du possible, tirer le maximum de la prime.

Tandis que le rôle de l'agent broker est de permettre au potentiel assuré de choisir la police d'assurance appropriée à ses besoins. Il peut guider, informer et même conseiller l'assuré de prendre l'assurance qu'il faut par rapport au risque de catastrophe. Continuer >





Evoquant la nécessité pour le détenteur d'une police de s'informer du contenu de son contrat, le représentant de Adjusters International a laissé entendre que « si le propriétaire de la police ne s'informe pas ou ne cherche à s'informer pour mieux comprendre et poser des questions avant de signer, il est désavantagé par rapport à la compagnie. La compagnie d'assurance est d'abord une entreprise à but lucratif, et dont l'objectif principal est de faire des bénéfices. Personne ne vas recevoir d'elle quelque chose qu'il n'a pas réclamé ».

Haïti spécificités

M. Martinez a souligné que l'un des principaux constats qu'il a faits à propos de la catastrophe du 12 janvier, c'est que les clients pensaient qu'il suffisait de prendre une police d'assurance que pour le montant d'un prêt sans tenir compte de la valeur des biens. Il a également relevé que les polices n'étaient pas mises à jour régulièrement et ne prenaient pas en compte la valeur des propriétés.

D'après lui, les assurés doivent s'informer davantage de leur police. « Ils ne la lisent que quand il y a un problème. Ils doivent l'analyser et poser des questions », conseille Matt Martinez, qui croit que le grand public devrait apprendre de cette situation et essayer d'être mieux informé à l'avenir.

A propos des éléments qu'il convient de maîtriser dans le cas d'une police, l'expert explique : Généralement, quand les gens couvrent un bien à 50%, ils pensent toujours que s'ils vont auprès de la compagnie après une catastrophe, ils vont obtenir par exemple 500 000 dollars pour une police de couverture de 1 million de dollars. Tel n'est pas le cas. Au lieu de 500 000 dollars, vous aurez 250 000, qui représentent la moitié de la prime de risque couverte.

D'autre part, en Haïti, les premiers 20% ne sont pas couverts par les compagnies d'assurance en cas de catastrophe naturelle. A cela, il faut encore ajouter les 2% déductible de la couverture. Soit au total 22% qui sont déductibles de la prime d'assurance locale, qui ne couvre jamais à 100%. Après Haïti, Matt Martinez a noté le cas du Mexique comme autre pays où les compagnies d'assurance ne pratiquent pas de couverture à 100%. Les assurances mexicaines, de leur côté, déduisent 10% des primes de couverture, selon l'expert de Adjusters International.

Dans le cas de ces deux pays, Matt Martinez estime que les assureurs offrent des primes qu'ils peuvent couvrir, mais qui généralement ne tiennent pas compte de la valeur du bien lui-même. Ce qui fait que dans la majorité des cas, les biens sont sous-assurés.

L'ajusteur a intérêt à aider l'assuré à tirer le maximum de son assurance, puisque ses revenus dépendent du montant qu'il aura permis au client de récupérer de la compagnie d'assurance.

Autant le comptable est indispensable dans la gestion financière d'une entreprise et l'avocat dans les entraves avec la justice, autant l'ajusteur est indispensable pour l'assuré, a fait valoir l'expert, dont les expériences dans le domaine sont nombreuses. Adjusters International a eu des expériences dans la Caraïbe, notamment les Iles Caïman, la Jamaïque, St-Thomas, le Mexique, après des catastrophes.

Créée en 1964 à New York, l'agence a déjà représenté des assurés à New Orléans, où elle était engagée par le port de cette ville après la tempête Katrina, à New York après le 11 septembre, au Koweit après la guerre de 1991, etc. Elle a l'habitude de travailler pour des détenteurs d'assurance lors de catastrophes importantes à travers le monde, ce qui a permis à ces derniers de récupérer des milliards de dollars.

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