Par Jean-Marie Mondésir
À chaque fois qu'on aborde la question de Constitution de
1987, tout le monde se prononce et s'improvise sur le modèle de loi
fondamentale qui faciliterait une société de droit en Haiti. On doit
reconnaitre que la Constitution d'un pays est la loi mère de toutes les lois.
Elle constitue la base principale de la structure organisationnelle d'une
société juste et équitable.
Dans le cas d'Haïti, la Constitution de 1987 a été le pire cauchemar
de ce pays. Cette Constitution a été proclamée dans l'euphorie populaire après
la chute des Duvalier sans une analyse en profondeur. Elle est truffée de
confusions, elle est la source de division entre les fils d'une même nation.
Les juristes-constitutionnalistes qui conseillaient les constituants de
l'époque n'avaient pas de vision à long terme. Ils ont proposé un modèle de
Constitution qui ne correspondait pas à la réalité du pays sans évaluer les
coûts économiques et financiers des réformes institutionnelles préconisées.
C'était une erreur capitale et monumentale, nous sommes en train de vivre les
conséquences de nos actions serviles en imposant des institutions qui ont la
difficulté à se mettre en place après plus de 25 ans d'existence.
On peut citer à titre d'exemple : le Conseil de la
magistrature, la Haute Cour de justice, le Conseil électoral permanent, les
forces armées et la Police, la décentralisation des collectivités
territoriales, etc. Les institutions prévues par la Constitution représentent
un fardeau économique pour le pays. Tout amendement constitutionnel est bienvenu,
même si cela ne va pas résoudre le problème de gouvernance de ce pays.
Dans l'état actuel du pays, la décentralisation n'est pas la
solution, car il existe trop de disparités socio-économiques dans les régions
et les inégalités vont toujours y persister. Il nous faut non seulement penser
à la déconcentration des services publics, mais aussi il est important
d'éduquer la population sur la nécessité de contribuer au développement de son
milieu de vie. De plus, il est utile aussi d'instituer des politiques publiques
qui répondent au besoin des collectivités territoriales à l'échelle nationale.
Pour ce faire, nos dirigeants ne doivent pas accepter le diktat de la
communauté internationale qui les oblige à faire des choses contraires à leur
volonté. Il revient aux Haïtiens de s'unir au-delà de tout esprit partisan pour
contribuer à la reconstruction du pays. On a identifié deux cancers qui rongent
ce pays : la politique partisane et la religion. Les pseudo-démocrates doivent
cesser de diviser le peuple pour satisfaire ses ambitions politiques. On doit
adopter un modèle de l'État laïque où tout le monde pratique sa religion sans
s'immiscer dans les affaires d'État. C'est ainsi qu'on parviendra à construire
une société juste, libre et démocratique. La reconstruction d'Haïti doit se
faire dans l'harmonie et la tolérance au-delà de toutes les considérations
idéologiques et politiques pour favoriser le développement dans l'intérêt
collectif...
Jean-Marie Mondésir
Juriste haïtien
Spécialiste en droit civil
Président de Société de juristes
juillet 31, 2014
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