Droits humains : un rapport accablant
L'organisation "Solidarité frontalière" vient de rendre public son rapport d'enquête sur la situation des droits humains au niveau de la partie nord de la frontière haïtiano-dominicaine. Ce rapport accablant dépeint un sombre tableau et recommande l'implication des organismes défendant les Droits humains sur la frontière.
En prélude à la célébration de la Journée internationale de solidarité avec les migrants, le 18 décembre, Solidarité frontalière a présenté à l'initiative du Groupe d'appui aux réfugiés et aux rapatriés (GARR), les résultats d'une enquête menée sur la situation des droits humains dans la partie nord de la frontière.
Ce rapport, présenté par sa coordonnatrice, Vielka Polanco Morales, décrit la situation lamentable des droits humains au niveau de ce point frontalier. Il met à nu l'inapplication des normes et le non-respect des droits fondamentaux sur la frontière comme le droit à l'intégrité physique, le droit à l'égalité, le droit au travail, et le droit à un nom et à une nationalité.
Selon ce rapport, les femmes, les enfants, les migrants, les pauvres et les jeunes sont les groupes les plus vulnérables en ce qui a trait aux violations des Droits humains. Les militaires, les policiers, les juges, les procureurs et les responsables des mairies sont pointés du doigt par les rédacteurs du rapport, qui les considèrent comme « les principaux violateurs des droits concernés ». La plupart des victimes n'ont jamais entendu parlé de la notion des Droits humains, selon ce que révèlent les interviews réalisées dans le cadre de cette enquête.
Les agressions les plus fréquentes de la part des autorités des deux côtés de la frontière sont « les insultes, l'abus d'autorité, la maltraitance physique, les menaces, la privation de liberté, le vol et le viol », révèle cette enquête de Solidarité frontalière.
Les causes des violations des droits de la personne à la frontière sont multiples. Elles vont de la méconnaissance des mécanismes de protection des droits humains à la faiblesse de ceux-ci, en passant par d'autres paramètres comme le bas niveau d'organisation pour la défense des droits humains, l'impunité, les conditions socio-économiques précaires des victimes, les préjudices raciaux, l'anti-haïtianisme et la corruption.
Le droit au travail reconnu à tous ceux qui sont en âge de travailler n'est pas non plus respecté à ce point de la frontière. En effet, 53% des interviewés haïtiens et 41% des sondés dominicains se sont déclarés au chômage. La majorité d'entre eux disent avoir recours à des activités lucratives mais les revenus gagnés ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins. Entre autres activités, les Haïtiens pratiquent le commerce, alors que les Dominicains s'adonnent à l'agriculture et à l'élevage. « Les conditions de travail sont extrêmement difficiles » souligne ce rapport, qui prend en compte l'horaire de travail et les salaires jugés « très bas ». Les travailleurs haïtiens interviewés, dont « plus de 44% ne connaissent pas leurs droits de travailleurs », selon ce rapport d'enquête, gagnent à peine 2 $US par jour.
Au chapitre des recommandations au nombre d'une vingtaine, Solidarité estime qu'il faudrait procéder à la mise en place d'outils d'identification des pratiques de violations des droits humains et à l'établissement des sanctions correspondantes.
En marge de la présentation de cette enquête, le coordonnateur de l'ONG ''Progettomondo MLAL'', Vinci Martino, dans une courte allocution, a souligné en trois points l'importance de ce rappor, à savoir: « la description de ce qui se passe sur la frontière, la mise en place des données scientifiques et l'implication des organismes de défense des droits humains sur la frontière ».
Plusieurs personnalités ont pris part à cette présentation dont le député de la circonscription de Ouanaminthe, Saintilma Joseph et le Protecteur du citoyen, Necker Dessable.
MICHEL Carlin
carlin00116@yahoo.fr
Elizias Joseph
josephelizias@yahoo.fr
décembre 29, 2008
UN RAPPORT ACCABLANT SUR LA SITUATION DES DROITS HUMAINS EN HAITI
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